jeudi 14 octobre 2021

Un acte de sépulture barré truffé d’embûches


La copie civile des registres de la paroisse Sainte-Trinité de Contrecoeur pour le 1er octobre 1913 font état de l’acte de sépulture suivant :


«S. 22   Inconnu. Noyé


Le premier Octobre, mil neuf cent treize, Nous, prêtre, curé soussigné, avons inhumé dans le cimetière de cette paroissex, le corps d’un homme, trouvé noyé, paraissant agé d’environ quarante ans. – Etaient présents : Joseph Frenière et François Gendron, qui ont déclaré ne Savoir Signer. Lecture faite. (un renvoi en marge bon)

                Jean Ducharme Ptre curé».


Dans la marge, on peut lire l’annotation suivante :


« x réservé aux enfants morts sans baptême.  J.D. Ptre curé».


À la suite, on peut lire l’inscription suivante :


«Le quatre Octobre, mil neuf cent treize Sur l’ordre du Coroner, Nous Soussigné avons permis l’exhumation du susdit noyé, et l’avons livré à Son gendre, Daniel Sinclair de New York. En foi de quoi, il a signé avec Nous. Lecture faite.

       Daniel Sinclair

            JB   ?

       Jean Ducharme Ptre. curé.».


Noter que ces inscriptions ont été barrées à l’encre rouge par un X fait avec un stylo.


La lecture de cet acte soulève de nombreuses interrogations :


-       Qui a barré les informations dans le registre en se servant d’un stylo à l’encre rouge ? Le protonotaire ou le Directeur de l’état civil (DEC) à l’occasion de l’opération d’indexation des registres ?

-       Le DEC a-t-il indexé ces informations ? Dans l’affirmative, de quelle façon ? Dans la négative, pour quelle raison ?

-       Pour quelle raison les inscriptions dans le registre ont été biffées ? Un homme est décédé et son corps a été inhumé durant une période de trois mois ; l’exhumation a eu lieu par la suite. Le fait de barrer cet acte ne permet pas de faire état notamment de sa sépulture. Il est à noter que le 25 juillet de la même année, ce même curé avait rédigé un acte de sépulture relatif au corps d’une femme inconnue noyée ; au fil des ans, le curé Jean Ducharme a habitué le lecteur à une gestion exemplaire du registre.

-       Le corps a-t-il été inhumé à nouveau au Québec ou aux États-Unis ?

-       L’identification du corps est plus que sommaire dans l’acte ; elle a sûrement été complétée par le coroner avant d’autoriser la livraison du corps au gendre du défunt ; il nous semble qu’il était de la responsabilité du curé Jean Ducharme de faire mention de cette information dans le registre.

-       La copie civile de ce registre déposée le 15 janvier 1914 n’a pas fait l’objet d’un examen de conformité par le protonotaire, ce qui empêche de connaître l’avis de ce dernier sur cet acte pour le moins particulier.

-       La consultation du contenu de l’enquête du coroner et  de la copie religieuse du registre pourrait possiblement apporter des éléments de réponse à certaines des interrogations soulevées plus haut.

-       Un bel exemple d’un acte de l’état civil dont le contenu peut être exploité sous différents angles de lecture.



 [Summary :

Some comments pertaining to the burying record of a drowned man in the church records of Contrecoeur, Québec.]

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