Note :
Ce billet est rédigé dans le contexte de la période de consultation menée
par la Ville de Québec et intitulée : Îlot Landry - aménagement d'un parc sur un
stationnement souterrain.
La
ville de Québec souhaite aménager un espace vert sur un stationnement
souterrain dans le secteur du plateau de Sainte-Foy.
Une
assemblée publique de consultation a été tenue le mercredi 10 mai 2023 en
soirée par la Ville de Québec. Un signe des temps, on pouvait y assister en
salle ou en ligne.
Commentaires :
- Ceux qui ont qui ont examiné quelque peu cette activité publique de consultation seraient d’avis que son titre aurait été plus réaliste s’il avait été inversé en Îlot Landry - aménagement d’un stationnement souterrain sous un parc ;
-
ce projet est pour le moins saugrenu dans le contexte urbain actuel : la
construction d’un stationnement souterrain à proximité d’un pôle majeur du
futur tramway !
-
ou, en d’autres mots, payer [très] cher pour que des
travailleurs du coin puissent garer leur automobile en souterrain et ce à une
distance plus grande que celle entre leur bureau et ce pôle majeur ! Cette situation aberrante découle de
l’application de la Loi sur l’expropriation
du fait que la Société québécoise des
immobilisations (SQI) oblige la Ville de Québec à compenser la perte de 115
cases de stationnement en surface occasionnée par la construction du pôle
majeur du tramway ; le tout dans le contexte actuel de télétravail et à un jet
de pierre d’un moyen de transport collectif et structurant ! Bref, un projet
qui détonne et qui défie la logique ;
-
sur un autre plan, le processus de consultation retenu
présente un caractère un peu bidon sans
compter que l’acteur le plus important de ce projet, la Société québécoise des infrastructures (SQI), brille par son
absence. Comme cette dernière construira et aménagera le stationnement
souterrain prévu et ce sans obligation de prendre en compte le contenu de plans
d’aménagement, d’urbanisme ou de zonage, commenter ou suggérer des améliorations
sur cet aspect du projet relève de l’impossible. Disons le franchement : la
SQI fera en pratique ce qu’elle veut et on paiera ;
-
peu importe les propos
tenus ou les commentaires formulés, les modifications proposées à la
réglementation existante seront approuvées et mises en œuvre vers la fin du mois
de juin 2023. L’expropriation de deux
maisons familiales aurait même déjà été effectuée ;
-
ce projet sera coûteux[1] même si l’on a pas
jugé bon de fournir aucune estimation ou coût, et encore moins leur ventilation
entre la Ville, la SQI et le projet du tramway. Sur ce plan, il y a lieu de noter
l’importance des expropriations déjà réalisées, les travaux d’excavation requis
et les aménagements spécifiques à un stationnement souterrain ;
-
au plan financier, les citoyens seront assurés d’y contribuer
[et deux fois plutôt qu’une] par le biais des taxes municipales ou celle des
impôts et des taxes pour la partie assumée par la SQI ;
-
la prestation des représentants de la Ville lors de la séance
de consultation ne passera pas à l’histoire en raison des informations incomplètes
ou absentes. Et, en dépit des efforts un brin jovialistes de l’animatrice, il était
désolant de constater le manque de préparation qui se reflétait notamment dans l’aspect
un peu brouillon de leur présentation. Un exemple parmi d’autres, il était
navrant sinon pathétique de les voir estimer ou calculer sur place le nombre
d’arbres qui seront affectés ;
-
un autre exemple plus inquiétant encore : les
représentants de la Ville ont semblé tomber des nues lorsque des résidents du
secteur ont fait part de leur crainte principale relative à l’augmentation de
la circulation dans le secteur ;
-
de fait, cette mauvaise présentation qui n’était pas appuyée sur
des travaux ou des études d’impact augure mal pour la planification d’ensemble
du secteur du plateau où des enjeux autrement plus importants devront être
traités, incluant le sort réservé aux terrains de l’ancien quartier militaire situé
à proximité ;
-
en ce qui a trait à l’espace vert prévu, un flou gênant persiste mais pour une
bonne raison : les responsables du service des parcs n’ont pas encore été
mis au parfum par leurs collègues en charge des aspects urbanistiques ! On
comprendra que, pour le citoyen, commenter cet aspect dans ce contexte relève
de l’exploit ;
-
au fait, peut-on sérieusement parler d’un espace vert ? Ce
qui est prévu n’est pas les Plaines d’Abraham ou de nombreux parcs existants
ici et là dans la ville. Sans [trop] exagérer, il s’agira au mieux de quelques
pieds (ou mères) carrés de verdure et un ou deux bancs. En prime, il sera situé
à proximité de la circulation et du bruit de l’avenue Hochelaga et dans l’ombre
de l’édifice administratif qui le jouxtera à l’ouest et ce, sans compter que,
de l’avis d’une citoyenne, un effet d’ilot de chaleur dans ce coin est déjà
présent ;
-
apprendre que l’édifice situé au 1141 Route de l’Église a une
valeur patrimoniale supérieure en raison de son aspect qui évoque le mouvement «Brutalisme» en architecture a perturbé
mon sommeil de citoyen. Et je n’arrive toujours pas à m’expliquer comment j’ai
pu vivre des années près d’une telle merveille du monde sans m’en douter ;
-
enfin, une autre zone
d’ombre persiste : rien n’a été dit sur la façon dont ce projet
s’inscrit dans le concept du vivre-ensemble dont se targue de promouvoir la
Ville de Québec. Selon cette dernière, ce concept contribuerait à une plus grande cohésion sociale puisqu’il permet au
citoyen de reconnaître la pluralité sociale, culturelle et religieuse qui
l’entoure. Le hasard bien
fait les choses, le conseiller du quartier est également responsable de ce
dossier pour la Ville. J’espère vivement qu’il saura m’expliquer en long et en
large cette facette du dossier ; je comprendrai sûrement alors pour quelle raison
la priorité a été accordée aux bazous dans ce dossier tel que suggéré par le titre
de ce billet.
Au net : de mon avis, consulter la population sur un projet décidé à l’avance et inscrit dans un tel processus de consultation ne constitue pas une façon adéquate de favoriser la participation citoyenne.
[1]
L’évaluation foncière des
deux maisons unifamiliales concernées totalise 708 000 $ ; à l’évidence, il
s’agit d’un projet dans les sept chiffres.
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