lundi 18 juillet 2011

Un ouvrage sur la saga de l'état civil du Québec

L'ouvrage suivant a été publié à la fin de 2010 :

Jean-Marc Fredette
La saga de l'état civil du Québec, 1924-1994.
De l'importance de l'informel dans l'administration publique
.
Lévis, Fondation littéraire Fleur de Lys, 2010, 408 p.

La lecture de cet ouvrage nous suggère quelques commentaires :

- l'auteur a un parcours professionnel atypique avec sa formation de médecin et une spécialité en hygiène publique; il a dirigé le Registre de la population durant près de 10 ans
- un livre bien écrit, qui se lit bien malgré des longueurs et la présence de quelques coquilles [«étables» au lieu d'«établies», p. 231; «sage» au lieu de «saga» p. 316...]
- un ouvrage mal titré : de fait, il s'agit de la «saga» des statistiques démographiques au Québec et particulièrement, par ricochet, de l'émission de certificat de naissance et de mariage; les principales étapes de l'évolution de ce dossier méconnu ou mal connu sont exposées. Dans ce contexte, l'emploi de l'expression «état civil» pose problème au lecteur non averti. L'auteur a beau souligner qu'«Il faut absolument retenir que traiter, ici, de la réforme de l'état civil ne signifie aucunement toucher à l'État civil spécifié au Code civil» (p. 119), une ambigüité persiste à cet égard et il y a lieu de craindre que, même après avoir lu cet ouvrage, peu de lecteurs sauront faire la distinction entre les registres de l'état civil et le registre de référence à l'état civil
- le sous-titre «De l'importance de l'informel dans l'administration publique» demeure une énigme pour le lecteur jusqu'à la page 194 où l'explication est fournie, soit les années 1950 au cours desquelles le Québec se dote d'un système gouvernemental informel d'émission de certificat de naissance
- avec le matériel présenté, le choix de faire un roman historique étonne; en pratique, l'ouvrage se présente sous la forme d'un dialogue banal et prévisible entre l'auteur et son épouse au cours de la période de préparation d'une conférence; on est loin des ingrédients habituels requis pour la rédaction d'un roman. Une des conséquences agaçantes de ce choix tient aux noms des personnes qui sont altérés dans la partie roman [exemples : Claude Parrot devient Paul Perreault, et l'auteur s'appelle Bruno Vincent...].
- de l'information intéressante mais dispersée dans le texte est fournie sur ce dossier périphérique aux intérêts des politiciens et des administrateurs publics : l'origine des statistiques démographiques liées intimement à des préoccupations d'hygiène publique; l'épisode des allocations familiales de 1945; la décision peu connue de Maurice Duplessis d'autoriser l'émission de certificats; la reproduction photographique des trois certificats émis au fil des années (p. 13-14), la désignation des formulaires et leur signification...
- des interrogations demeurent sans réponse sur divers aspects de ce dossier : les événements non déclarés; la qualité très variable des index; le taux d'exactitude de l'information des formulaires versus celle des actes des registres...
- l'auteur adopte une approche rigoriste sur certains aspects : selon lui, la date n'est pas indiquée dans un acte de l'état civil si il y est fait état que la personne est «...née la veille». Par ailleurs, l'auteur l'est moins avec les certificats émis qui, advenant une contestation devant les tribunaux, auraient été déclarés sans l'ombre d'un doute illégaux.

Pour mémoire, il faut rappeler que le registre de référence à l'état civil est surtout connu des chercheurs en généalogie et en histoire de famille par le biais de l'index des mariages et l'index des décès de même que, depuis quelques années, par les formulaires de mariage.

Nos remerciements à Roland Grenier pour sa collaboration à mettre un exemplaire de cet ouvrage à notre disposition.


[Summary :
Some comments on a book dealing with the civil status records in Québec.]

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