vendredi 12 février 2010

Les sociétés de généalogie et la diversité des origines

Dernier message d'une série de trois.

Dans le cadre de l'élaboration de son mémoire, Dolores Durbau a notamment réalisé sept entrevues auprès d’experts du milieu en fonction d’une grille d’analyse dans le but de lui permettre de faire ressortir les objectifs de sa recherche. La lecture des pages relatives à l'exploitation du contenu de ces entrevues [notamment p. 124 à 143] constitue de notre avis la partie de ce mémoire qui présente le plus d'intérêt.

La première de ces entrevues a été réalisée avec le sociologue spécialiste de la transmission de la culture Fernand Harvey. Le dévoilement de son identité ne crée par de problème compte tenu que ce dernier a lui-même fait état et repris l'essentiel de ses propos ailleurs dans d'autres médias.

Un extrait de ce mémoire se lit comme suit :

«D’entrée de jeu, il nous a posé cette question : « Est-ce que la généalogie va pouvoir survivre en dehors du Québec dit profond, des régions qui comme Montréal ont déjà un problème? » Elle nous fait réfléchir à l’avenir de la généalogie dans un contexte de multiculturalisme, puisque le Québec n’est pas une société homogène. Montréal est multiculturelle avec ses couronnes (Montérégie, Basses Laurentides), sa réalité est très différente des autres régions comme celles du Bas Saint-Laurent ou du Saguenay. Pour lui, c’est un des problèmes auquel devront faire face les sociétés de généalogie de la région de Montréal dans un avenir rapproché.» [p. 125]


Cette interrogation est pertinente et tout à fait légitime mais elle nous semble davantage théorique que pratique. Y répondre exige de la replacer concrètement au coeur de la démarche d'un chercheur dans sa quête identitaire.

Il est important de rappeler que le traitement uniforme accordé dans les registres de l'état civil pour toutes les personnes. Aussi, celui qui est né, s'est marié ou est décédé ici est traité sur le même pied et de la même façon dans les actes le concernant. Sur ce plan, la quête identitaire est la même pour chacun et peut donner lieu aux mêmes embûches.

La diversité des origines au Québec est une caractéristique présente depuis les débuts de la Nouvelle-France et elle s'est accentuée depuis. Les chercheurs et les sociétés de généalogie ont été confrontés très tôt à ces situations particulières et ont eu à composer avec. La richesse du contenu de la plupart des actes de l'état civil et des divers instruments disponibles permet la plupart du temps d'apporter assez facilement des réponses à plusieurs des interrogations soulevées.

Pour les personnes dont les ancêtres sont arrivés à une date plus récente, des sources particulières existent qui font état de leur immigration. Des outils spécifiques ont même été élaborés à l'intention de bénévoles et de chercheurs pour leur faciliter la tâche ailleurs que dans les registres catholiques. À titre d'exemple, mentionnons un guide produit en collaboration entre la Société de généalogie de Québec et le Centre d'archives de Québec de BAnQ et intitulé Principales sources disponibles pour la recherche généalogique se rapportant principalement aux non-catholiques.

Pour certaines personnes, leur quête identitaire sera semée d'embûches et plus ardue, mais elles peuvent trouver dans les sociétés un contexte d'aide qui pourrait leur être utile. Bien sûr, il est illusoire de penser que les sociétés de généalogie dans le contexte de bénévolat dans lequel elles opèrent sont équipées ou le seront pour faire de la recherche sur les ancêtres en provenance de partout dans le monde. Sans compter que de telles recherches se déroulent dans des contextes fort différents au Québec, en France et aux États-Unis; on peut facilement s'imaginer ce qu'il en est en Ukraine, au Vietnam, à Haïti...ou ailleurs.

Par ailleurs, l'aide disponible à cet effet dans une société de généalogie prend la forme de documents, de liens, d'avenues de recherche, de suggestions de démarches à entreprendre... Ce type d'intervention fait partie de la formation, une des volets propres de la mission d'une société et que plusieurs de leurs membres sont disposés à le concrétiser. Enfin et dans certains cas, des associations de familles de diverses origines collaborent déjà dans l'ombre avec des sociétés de généalogie à cet effet.


[Summary :

Some personnal thoughts on a memoir dealing with genealogy in Québec.]

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