Les registres de la paroisse Saint-Édouard de
Gentilly pour le mois d’octobre 1804 font état du document manuscrit
suivant daté du 13 février 1800 :
«Monsieur
Jean Bernard fils
mineure, et Josephte Lavigne
[mot barré] reduis a une extrême pauvreté vous prient
de vouloir bien leur accorder la
dispense d’un ban
je crois qu’ils ne sont point en étas de [mot biffé] payer
il y a des embaras dans ce mariage et
cependant
il en estant qu’il se fasse.
Je vous demande aussi la permission d’absoudre
une personne d’un cas Reserve
J’ai l’honneur d’être avec un profond Respect
Monsieur
gentilly 13 février 1800 Votre très humble
S.teur obeissant
V.o Courtin
prete».
La réponse à cette demande peut être lue à l’endos de la lettre :
«Monsieur,
J’accorde volontiers la dispense d’un ban
que vous me demandé pour ces pauvres gens
et ce gratis. ainsi que le pouvoir que vous
me
demandé pour la personne qui vous a requis
en confession
Je Suis [mot barré] une parfaite
Estime
Monsieur
votre obéissant
Serviteur
X Noiseux pte».
Commentaires :
- ce
document a été inséré par mégarde dans le registre de l’année 1804 au lieu de
celui de l’année 1800 ; en effet, le
mariage entre Joseph Bernard et Marie Josephte Rivard dite Lavigne dont il est
question a été célébré dans cette même paroisse le 24 février 1800 ; la date et le contenu du document, les noms
des futurs époux et notamment la demande d’une dispense de publication de ban
ne laissent aucun doute à ce sujet ;
- cette
demande s’inscrit dans le contexte de la gestion méticuleuse des sacrements
dans l’église catholique et particulièrement l’obtention de certaines dispenses
nécessaires ;
- la
mention de la condition d’«extrême
pauvreté» des futurs époux est parfois évoquée dans d’autres demandes
semblables dans des registres catholiques ;
- par
ailleurs pour le sacrement de pénitence, la mention d’une demande d’absolution
pour un «cas réservé» est beaucoup plus
rare ; dans l’église catholique, l’absolution pour certains de ces cas est
réservée au pape et les autres, à l’évêque [voir ce
lien] ; l’absence de précision sur la nature de ce cas s’explique
justifie par le fait que l’information pertinente a été obtenue par le curé à l’occasion d’une confession d’un des
époux ; noter que l’acte de mariage ne fait pas mention de l’obtention de
cette absolution ;
- un
bel exemple qui illustre que l’église catholique est une institution
hiérarchique, qui a ses règles propres et les fait respecter tout en générant de
nombreux «papiers» ; en prime : beaucoup de révérence et une grande
civilité entre les membres du clergé lors de leurs échanges ;
- les
intervenants ecclésiastiques dans ce document sont François-Xavier Noiseux
[1748-1834], vicaire général du diocèse de Trois-Rivières et Claude-Gabriel
Courtin [1765-1832], curé de la paroisse de Gentilly ;
- ce
document n’est présent que dans la seule copie religieuse du registre.
Nos
remerciements à Diane Bilodeau pour avoir porté ce document à notre attention.
[Summary :
Some comments pertaining to a document in the church records of Gentilly,
Québec.]
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