Depuis la mise sur pied du Bureau québécois d'attestation de compétence en généalogie (BGACG) en avril 1991, ce dossier a connu quelques rebondissements sans apporter de véritable satisfaction au plan du traitement [voir nos billets publiés le 25 juillet 2007 et le 8 décembre 2008]. Voyons ce qu'il en est de la dernière mouture.
Commentaires :
Des aspects réussis
- la présentation du dossier est claire et le texte s'attaque à la problématique
- l'angle retenu est basé sur l'approche par compétences avec des précisions apportées sur la notion de compétence, et des exemples pour les trois catégories d'attestés
- un allègement de l'administration du processus
- les relations entre la FQSG et les sociétés de généalogie ont été précisées et balisées à l'aune du gros bon sens et du réalisme, et le rôle des sociétés a été précisé ce faisant. Sur ce point, on peut par ailleurs s'interroger si cela se vérifiera dans les sociétés comptant quelques dizaines de membres, soit la grande majorité des sociétés membres de la Fédération
- deux autres éléments souligner : le largage du bénévolat comme élément de compétence, et celui du système de points, deux aspects saugrenus et fort discutables de la version précédente.
Des aspects moins bien réussis
- le texte fait état de filiation alors que la généalogie s'intéresse aux relations de parenté, un champ d'investigation plus large
- l'examen (point 5.1) qui sera fait par le BQACG constitue toujours un mystère; on ignore tout de son contenu, de ses modalités et, surtout, de sa portée; pourtant, la clé du caractère sérieux de la démarche réside là
- ne ressort pas clairement de l'information disponible le fait que la démarche généalogique est et doit être basée sur la preuve généalogique [les Américains parlent de la Genealogical Proof Standard ou GPS]; pour ce faire, des éléments essentiels doivent être présents dont, à titre d'exemples, la façon de citer les sources utilisées de même que le traitement d'informations conflictuelles
- la notion de compétence présentée dans le document reflète une vision traditionnelle, statique et «en silo» de la discipline; aucune vision d'ensemble ou intégratrice n'est présente comme en témoigne le faible nombre de compétences transversales et/ou de notions comme celle de réseau (familial, de proximité ou social); de même, elle ne fait pas référence également à des situations rencontrées fréquemment dans la recherche, et dont le traitement permet de discriminer entre les chercheurs : par exemple, nulle mention du croisement de certaines sources et/ou encore de leur exploitation en tandem. De même et de façon plus inquiétante, quid des situations qui requièrent de mener une enquête généalogique (traité de façon sibylline au point 4.2.8) et au cours de laquelle le traitement des éléments de preuve par le chercheur [particulièrement lorsqu'ils sont conflictuels] permet de jauger sa capacité de recherche ? D'autres situations analogues pourraient être évoquées [pensons aux homonymes, aux actes incomplets, manquants ou erronés...]; les difficultés réelles résident là et sont souvent de taille. En somme, les compétences listées sont un peu courtes, pointues et peu horizontales. D'un point de vue plus large, on peut dès lors s'interroger si la FGSG a la capacité réelle d'assumer pleinement et correctement tout ce qu'exige cette approche par compétences qui se doit d'être vue et comprise comme un tout
- un traitement étriqué de l'éthique : cet aspect avec son caractère de plus en plus actuel en raison des interpellations lourdes à la discipline ne peut se réduire au seul contenu du code de déontologie; sur ce point, une des sources mentionnées dans le document de support [qui n'est plus accessible en ligne...] au bas de la page 17 est une source illégale ! Pour le moins étonnant de la part de la FQSG
- des attestés à vie ou une tache indélébile...! L'attribution d'une attestation n'est liée à aucune limite dans le temps (point 5). Une position étonnante et qui se défend mal considérant l'évolution du secteur [par exemple et, récemment, l'analyse de l'ADN...]; il y a là un mauvais signal lancé aux chercheurs par la FQSG à l'effet qu'elle ne croît nullement à la formation continue
- la remise à un candidat par le président du jury (point 5.2.6) d'une seule synthèse des évaluations et commentaires des juges est insuffisante; le respect du travail effectué et présenté par un candidat mérite pour le moins que ce dernier reçoive l'intégralité des commentaires et des évaluations qualitatives ou quantitatives effectuées, le tout accompagné de commentaires personnalisés
- les éléments relatifs à la publication de travaux ne portent que sur l'imprimé, une situation qui ignore la possibilité pourtant réelle de publier en ligne
- la faiblesse de ce dossier au fil des ans tient en partie à la faible prise en charge de son contenu par les attestés eux-mêmes. Pour l'avenir, c'est à l'intérieur du bassin des attestés actuels que le flambeau devra être repris. L'expérience passée à ce chapitre laisse craindre une stagnation dans le traitement de ce dossier. Pourtant, le défi qui est lancé aux attestés est réel et de taille : justifier leur titre d'attestés et baliser correctement ceux qui seront attribués à l'avenir
- un aspect mineur mais agaçant : l'obligation pour un candidat de produire dans son portfolio un tableau en éventail de ses ancêtres sur 10 générations [et non une roue de paon comme appelé au point 4.1.3] fait en sorte d'exclure les candidatures de personnes adoptées ou nées de parents inconnus; une discrimination qui aurait pu être facilement évitée notamment pour ces personnes pour qui la recherche de leurs origines prend une signification toute particulière et personnelle.
Au net, un dossier qui a évolué dans le bon sens et dont des éléments ont été clarifiés. Par ailleurs, des éléments importants de contenu manquent encore pour camper solidement le sérieux de la démarche. À suivre...
[Summary :
Some comments on the latest version of a document on skills accreditation by the BQACG in Québec.]