samedi 29 août 2020

Le premier registre de l’état civil

 

Parmi les chercheurs en généalogie, un consensus existe à l’effet que le premier registre de l’état civil est celui de la paroisse Notre-Dame de Québec. Les images de ce registre sont accessibles sur Internet notamment sur les sites FamilySearch, Généalogie Québec et Ancestry.ca.


Le premier acte porte la date du 24 octobre 1621 mais il a été rédigé en 1640. En effet, le registre paroissial original a été détruit lors d’un incendie le 15 juin 1640. Il s’agit donc d’un registre reconstitué pour lequel on a fait appel à la mémoire de particuliers ; il partage les caractéristiques de ce genre de registre soit d’être incomplet au plan des signatures et de quelques actes, le cas échéant. Noter que le registre est structuré par type d’acte [baptême, mariage, sépulture] et, par la suite, de façon  chronologique, une façon de faire que l’on retrouvera plus tard dans les registres de la paroisse Notre Dame de Montréal notamment.


Au fait, s’agit-il vraiment du premier registre de l’état civil ? Il ne faut pas oublier l’expédition de Jacques Cartier et de Jean-François de LaRocque de Roberval qui témoigne d’une tentative de colonisation française en Amérique. Dans le cadre de ce projet de colonie, deux forts ont été construits au confluent de la rivière Cap-Rouge et du fleuve Saint-Laurent.


L’ouvrage suivant dont la consultation s’impose en raison de la richesse des informations en rend compte de façon détaillée :


Gilles Samson et Robert Fiset, Chantier archéologique Cartier-Roberval Rapport des fouilles 2007-2008, Québec, Commission de la capitale nationale du Québec, août 2013, 464 pages.


Pour notre propos, notons les éléments suivants :

-       il s’agit d’une expédition commandée par le roi de France par le truchement de deux commissions ; ce dernier avait même obtenu l’appui du pape Clément VII [page 15] ;

-       outre la colonisation, un autre objectif était l’expansion de la foi chrétienne [page 19] ;

-       des moyens importants sont déployés [en nombre de navires (cinq) et de personnes (un nombre estimé à 280-290) page 20] ;

-       la tentative  de colonisation s’est étalée sur plusieurs mois de 1541 à 1543 ;

-       la présence de prêtres est fortement probable comme l’illustre l’extrait suivant : «La présence du clergé est extrapolée d’une carte de Desceliers sur laquelle des personnages semblent porter un habillement religieux. De plus, le mémoire de 1538 et un rapport secret d’un espion espagnol font état, respectivement, de 6 et 10 membres de l’Église au sein de l’expédition.» [page 57] ;

-       plusieurs décès sont survenus à la suite notamment d’attaques d’indiens [35 au printemps 1542], du scorbut ou autrement [environ 50 personnes à l’hiver 1542-1543] et de naufrage [8 en juin 1543], soit 93 personnes au moins au total ;

-       enfin l’expédition comprenait des femmes et des enfants, ce qui a pu mener à la rédaction d’actes de baptême ou de mariage.


Dans ce contexte, la présence d’un registre de l’état civil tout au long de cette expédition est fort vraisemblable et son contenu devait contenir à tout le moins plusieurs actes de sépulture ; ces actes ont pu être rédigés sur des feuilles volantes qui auraient été rapatriées en France en 1543 et versées aux archives.


Il est à espérer qu’un chercheur trouvera éventuellement dans les archives françaises ces documents de l’état civil relatifs à la première tentative de colonisation.

 

 

[Some personnal comments pertaining to the first church record in Québec, Québec.]

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