Parmi les
chercheurs en généalogie, un consensus existe à l’effet que le premier registre
de l’état civil est celui de la paroisse Notre-Dame de Québec. Les images de ce
registre sont accessibles sur Internet notamment sur les sites FamilySearch, Généalogie Québec et Ancestry.ca.
Le premier acte porte la date du 24
octobre 1621 mais il a été rédigé en 1640. En
effet, le registre paroissial original a été détruit lors d’un incendie le 15
juin 1640. Il s’agit donc d’un registre reconstitué pour lequel on a fait appel
à la mémoire de particuliers ; il partage les caractéristiques de ce genre de
registre soit d’être incomplet au plan des signatures et de quelques actes, le
cas échéant. Noter que le registre est structuré par type
d’acte [baptême, mariage, sépulture] et, par la suite, de façon chronologique, une façon de faire que l’on
retrouvera plus tard dans les registres de la paroisse Notre Dame de Montréal
notamment.
Au fait, s’agit-il
vraiment du premier registre de l’état civil ? Il ne faut pas oublier
l’expédition de Jacques Cartier et de Jean-François de LaRocque de Roberval qui
témoigne d’une tentative de colonisation française en Amérique. Dans le cadre
de ce projet de colonie, deux forts ont été construits au confluent de la
rivière Cap-Rouge et du fleuve Saint-Laurent.
L’ouvrage suivant dont la consultation s’impose en
raison de la richesse des informations en rend compte de façon détaillée :
Gilles Samson et Robert
Fiset, Chantier archéologique
Cartier-Roberval Rapport des fouilles 2007-2008, Québec, Commission de la
capitale nationale du Québec, août 2013, 464 pages.
Pour notre propos,
notons les éléments suivants :
-
il s’agit d’une expédition commandée par le roi de France par le
truchement de deux commissions ; ce dernier avait même obtenu l’appui du pape
Clément VII [page 15] ;
-
outre la colonisation, un autre objectif était l’expansion de la foi
chrétienne [page 19] ;
-
des moyens importants sont déployés [en nombre de navires (cinq) et de
personnes (un nombre estimé à 280-290) page 20] ;
-
la tentative de colonisation
s’est étalée sur plusieurs mois de 1541 à 1543 ;
-
la présence de prêtres est fortement probable comme l’illustre l’extrait
suivant : «La présence du
clergé est extrapolée d’une carte de Desceliers sur laquelle des personnages
semblent porter un habillement religieux. De plus, le mémoire de 1538 et un
rapport secret d’un espion espagnol font état, respectivement, de 6 et 10
membres de l’Église au sein de l’expédition.» [page 57] ;
- plusieurs
décès sont survenus à la suite notamment d’attaques d’indiens [35 au printemps
1542], du scorbut ou autrement [environ 50 personnes à l’hiver 1542-1543] et de
naufrage [8 en juin 1543], soit 93 personnes au moins au total ;
-
enfin l’expédition comprenait des femmes et des enfants, ce qui a pu
mener à la rédaction d’actes de baptême ou de mariage.
Dans ce contexte, la
présence d’un registre de l’état civil tout au long de cette expédition est
fort vraisemblable et son contenu devait contenir à tout le moins plusieurs actes
de sépulture ; ces actes ont pu être rédigés sur des feuilles volantes qui
auraient été rapatriées en France en 1543 et versées aux archives.
Il est à espérer
qu’un chercheur trouvera éventuellement dans les archives françaises ces
documents de l’état civil relatifs à la première tentative de colonisation.
[Some personnal comments
pertaining to the first church record in Québec, Québec.]