Depuis des années, l’identité des parents de François-Xavier (Guillaume) Cayouette est source
d’interrogations pour plusieurs personnes. La consultation de sa fiche de famille permet d’en identifier
certaines dont la principale liée à son baptême à titre d’enfant né de parents
inconnus. D’autres interrogations ont porté sur son prénom, la graphie de son
nom de famille, et le lien entre lui et les Cayouette de Bonaventure. Voyons ce
qu’il en est de ces problématiques.
Son prénom
- Il
est prénommé François Xavier à son baptême, Guillaume à son premier mariage et
«…François-Xavier (Guillaume…)» à son
second mariage. Ce dernier prénom de Guillaume semble avoir prévalu pour les
dernières années de sa vie. On ignore à quelle date et pour quelle raison ce
prénom Guillaume est apparu.
- Comme
il ne savait pas signer, on peut être assuré de son prénom usuel.
La graphie de
son nom de famille
-
Le texte de son acte de
baptême ne fait état d’aucun nom de famille.
-
Par ailleurs, il est mentionné
sous «Caillouette» à ses deux mariages et au baptême de ses
enfants ; au premier baptême, il est mentionné sous «dit Caillouette».
- Pour
les années récentes, le nom de famille de ses descendants est «Cayouette» de même que les références le
concernant. La lecture du billet publié le 28 août 2014 et intitulé À Bonaventure, les Caillouette sont devenus
des Cayouette est suggérée pour en connaître davantage sur cette
question.
- La
mention «Caillouette» comme nom de
famille de Guillaume est présente dans l’acte de donation qui sera examiné plus
loin mais a été biffée. Il serait intéressant de connaître la raison, et le nom
de la personne qui a demandé au notaire Joseph-Guillaume LeBel de faire ce
changement.
Son
identification correcte
-
Cette problématique débute
avec son acte de baptême
daté du 19 mai 1859 dans la paroisse Notre Dame de Pasbébiac qui fait état de
sa naissance «…il y a dix jours [soit
le 19 mai 1859] de parents inconnus.».
Le nom de son parrain est Jules Loisel et celui de sa marraine Élizabeth
Grenier. Selon une coutume fréquente, le choix de ces derniers est souvent fait
parmi les membres de la parenté proche de l’enfant. Dans ce cas-ci, leurs noms ne semblent pas une piste qui porte fruit de ce point de
vue.
- La
consultation de sa fiche de famille permet d’en connaître davantage sur
Guillaume. Lui et sa première épouse Marie-Delphine Cavanagh ont eu 13
enfants dont les trois filles mentionnées à l’acte de donation qui sera étudié
plus loin.
- Dans
le texte de l’acte de son premier mariage le 31 août 1880, la mention de la présence
de «…Silvestre Caillouette, ami de
l’époux…» a
toujours intrigué les chercheurs et pour cause comme il est peu fréquent de
voir une telle mention dans un acte de mariage.
- La
consultation de la fiche de famille de Sylvestre Caillouette permet de noter que
lui et son épouse Marie-Olive Bujold ont eu quatre garçons, tous décédés
en bas âge ; celui qui a vécu le plus longtemps est décédé à l’âge de six ans
et quatre mois. Une situation dramatique pour un couple en milieu rural à cette
époque et qui n’est pas étrangère à la situation traitée dans ce billet.
Le
lien avec les Caillouette (Cayouette) de Bonaventure
- La
première mention sur cet aspect présente dans les registres de l’état civil est
celle de Sylvestre Caillouette à titre d’«…ami
de l’époux…» au premier mariage de Guillaume le 31 août 1880.
- La
consultation de la fiche de famille de ce dernier apporte des éléments nouveaux
intéressants dans le contexte évoqué ici. Une telle mention peu fréquente dans
un acte de mariage soulève des interrogations et particulièrement, comme dans
le cas présent, lorsqu’il s’agit d’un enfant né de parents inconnus.
- Vérification
faite, peu de Caillouette ont agi à titre de parrain ou de marraine pour l’un
des 13 enfants de Guillaume et de Delphine Cavanagh. Il s’agit de Marie
Caillouette pour Bonaventure, Antoine Caillouette pour Joseph Ernest, et,
enfin, Honoré Caillouette qui a alors signé «Honoiré Caylouette» [!] pour Joseph Sylva Oscar.
Diverses
autres interrogations dont celle de sa filiation
- Depuis
sa naissance et son baptême, l’identité des parents biologiques de Guillaume n’est pas
connue.
- Au
fil du temps, de nombreuses hypothèses ont été formulées sur sa filiation et notamment
sur son père, mais, chaque fois, aucune preuve n’a été fournie pour les étayer.
-
Le nom de sa mère biologique constitue
un défi encore plus difficile et qui est loin d’être résolu.
- Dans le recensement de 1861, le recenseur a inscrit tous les
Caillouette de Bonaventure sous le nom de famille «Cailliouette» [!], une des nombreuses variantes de ce nom de
famille qui a été et est encore souvent déformé. Un balayage
de ce recensement soulève une autre interrogation : où est François-Xavier
(Guillaume) à la date de ce recensement ? La même interrogation se pose pour
les recensements de 1871 et 1881. Noter que, dans un recensement, la notion de
ménage n’est pas toujours synonyme de famille et se rappeler que les
informations de ce recensement sont réputées valables pour le 14 janvier 1861.
L’acte
de donation d’une terre du troisième rang du township d’Hamilton
Cet
acte
notarié daté du 18 octobre 1884 est intitulé
«Donation par Sr. Sylvestre
Cailouet et Son épouse a Marie Elizabeth, Marthe, Philomène Caillouette leur
fils & al». Il compte quatre pages manuscrites placées immédiatement à
la suite des testaments
des deux donateurs. Il a été «…fait et
passé au dit lieu de Hamilton, demeure des donateurs…» et sa lecture ne
présente aucune difficulté particulière. Il peut être consulté dans le greffe [images 2438 à 2440/2838] du notaire Joseph-Guillaume LeBel de New Carlisle. Le
texte de cette donation se trouve à la suite du testament de son épouse Marie-Olive
Bujold [image 2432/2838] et celui du testament
de Sylvestre Caillouette [image 2435/2838].
Dans le testament de son épouse, Sylvestre est décrit comme un «…ancien cultivateur et pêcheur…».
L’exploitation du contenu du
texte de cette donation
- Les
personnes concernées et présentes sont : Sylvestre Caillouette et son épouse Marie
Bujold à titre de donateurs ; leurs trois filles : Marie Elizabeth et son
époux Joseph Forest, Marthe et Philomène,
et «…Guillaume Caillouette, leur fils adoptif,…».
Sylvestre, son épouse et Guillaume n’ont pas signé au bas de l’acte, chacun
ayant plutôt fait sa marque. Les trois filles et Joseph Forest ont signé.
- La
donation concerne le lot No 25 situé dans le troisième rang du
township d’Hamilton. Cette terre est divisée en deux parties dont une pour les trois
filles prénommées et l’autre pour Guillaume ; noter que, sur ce
plan, il y a disparité entre Guillaume et les trois autres récipiendaires.
- À
la date de la rédaction de cet acte, Sylvestre né le 5 décembre 1831 a un peu
plus de 55 ans, son épouse Marie Bujold née le 25 décembre 1830 a un peu plus
de 56 ans, Marie Élizabeth née le 14 septembre 1856 a 28 ans, Marthe née le 27
septembre 1864 a 20 ans, Philomène née le 8 août 1870 a 14 ans et, enfin, Guillaume
né le 19 mai 1859 et marié en premières noces le 31 août 1880 est âgé d’un peu
plus de 20 ans et est déjà père de deux enfants.
- Dans
le texte de l’acte, il est fait mention à la page deux que «Cette donation faite comme susdit au dit
Guillaume en considération des services par lui rendus aux dits donateurs avant
les présentes.».
-
Une
absence doit être soulignée, celle de Marie Caillouette, une des filles de ce
couple et qui se mariera à Bonaventure le 21 octobre 1884 avec Alfred-Bonaventure
Henry. Quelle raison explique que cette fille ne soit pas partie prenante à
cette donation ?
- Il s’agit donc d’un geste
réfléchi de la part de Sylvestre Caillouette et de son épouse
qui ont voulu consigner et officialiser le tout dans un acte notarié. À leurs
âges, il est temps de se préoccuper de ce qui adviendra de cette terre.
- Il
s’agit également d’un geste important si l’on tient compte de la
valeur d’une terre à cette époque et, pour le donateur, des efforts qu’il lui a
consacrés.
- Par
ailleurs, donner la moitié d’une telle terre à un enfant adoptif qui, par
surcroit, est né de parents inconnus a de quoi étonner. Ce document et
certaines de ses modalités ont sûrement fait parler dans la famille et les
proches de ce couple et pour cause.
De
quelle façon expliquer ce document ?
- Reste
à expliquer pour quelle raison Sylvestre Caillouette a fait une partie de ce
don à François-Xavier (Guillaume) ? Certaines circonstances sont pour le moins
particulières sinon étonnantes : un enfant né de parents inconnus, qui
aurait été leur fils adoptif et, selon le texte de l’acte, le don aurait été
fait pour des services rendus antérieurement. La présence de Sylvestre au
mariage de Guillaume le 31 août 1880 où il est qualifié d’«…ami de l’époux…». Sur un autre plan, il faut expliquer le nom de
famille Cayouette porté plus tard par lui, ses enfants et leurs descendants.
- À
première vue, aucune raison ne s’impose d’emblée. Dans le contexte particulier
de Sylvestre Caillouette à cette époque et dans la foulée de la donation d’une
partie d’une terre, il y a lieu d’évoquer une hypothèse qui permette d’apporter
des éléments de réponse à ces diverses interrogations. Pour notre part, nous
formulons l’hypothèse que ce dernier est le père biologique de François-Xavier
(Guillaume).
-
La seule façon de conforter ou d’infirmer
cette hypothèse exige d’avoir recours à la confection de tests d’ADN. Cela
permettrait notamment de statuer sur le nom du père biologique de François-Xavier
(Guillaume) et, par surcroît, de connaître le profil génétique de sa mère
biologique dont on ignore toujours le nom. De façon concrète, le recours à des
tests d’ADN-Y et d’ADNmt s’imposerait. S’il
s’avérait que cette hypothèse se confirme, une difficulté surgirait : en
effet, à cette époque, une telle donation à un enfant adultérin aurait été
nulle et de nul effet. Enfin, il est évident que des personnes savaient des choses à Bonaventure et n'ont pas parlé.
Par ailleurs, cette avenue soulève des
interrogations fort importantes sur divers plans dont certaines en matière de
vie privée et de protection des renseignements personnels sans compter au plan de
l’éthique :
- au
plan de la technique elle-même, un acte de foi doit être fait sur la façon dont
les résultats ont été obtenus et sur leur exploitation effectuée selon des
protocoles reconnus ;
- de
plus, la perte de contrôle sur les données génétiques personnelles est possible
compte tenu qu’il s’agit d’entreprises privées. De même, les mesures de
sécurité peuvent être inadéquates ou ces données peuvent être vendues ou
partagées avec d’autres entreprises. Enfin, ces données pourraient être
utilisées à d’autres fins qui ne conviendraient pas.
- Comme
l’ADN d’une personne est en grande partie partagée avec les membres de la
famille, les résultats de tels tests s’appliquent à chacun des descendants des
personnes testées. Dans ce contexte, obtenir à l’avance leur consentement est
de mise avant de procéder à de tels tests. Dans le cas présent, les personnes
concernées sont beaucoup plus nombreuses que les seules proches : tous les
descendants de François-Xavier (Guillaume) et de Sylvestre Caillouette le sont,
ce qui totalise un grand nombre de personnes et constitue en pratique une opération
difficile à mener correctement.
- Pour
notre part, nous ne participons pas à de tels exercices et nous ne demandons
pas à d’autres personnes de se prêter à de tels tests puisqu’il s’agit là d’une
décision importante que chaque personne doit prendre de façon libre et éclairée
et disposant des informations sur tous
les aspects d’une telle opération.
Nos remerciements à Réal Forest et à Émilien
Cayouette pour avoir formulé des commentaires ou avoir porté certaine
de ces informations à notre attention.
[Summary :
Some comments pertaining to the donation of a farm in
Bonaventure, Québec.]
_________
Vérification faite dans l’index de ce greffe, aucun autre document ne fait
référence à François-Xavier (Guillaume) Cayouette.
À
notre connaissance, il s’agit de la première (sinon la seule) fois où Guillaume
est décrit dans un document comme leur «…fils
adoptif…». Il y a lieu de se rappeler que l’adoption à cette époque prend rarement
la voie officielle d’un acte notarié ou judiciaire.