dimanche 12 juillet 2020

Une demande d’absolution pour un cas réservé


Les registres de la paroisse Saint-Édouard de Gentilly pour le mois d’octobre 1804 font état du document manuscrit suivant daté du 13 février 1800 :

«Monsieur
       
Jean Bernard fils mineure, et Josephte Lavigne
[mot barré] reduis a une extrême pauvreté vous prient
de vouloir bien leur accorder la dispense d’un ban
je crois qu’ils ne sont point en étas de [mot biffé] payer
il y a des embaras dans ce mariage et cependant 
il en estant qu’il se fasse.

Je vous demande aussi la permission d’absoudre
une personne d’un cas Reserve
J’ai l’honneur d’être avec un profond Respect

      Monsieur

gentilly 13 février 1800      Votre très humble
                                         S.teur obeissant
                                      V.Courtin prete».

La réponse à cette demande peut être lue à l’endos de la lettre :

           «Monsieur,

J’accorde volontiers la dispense d’un ban
que vous me demandé pour ces pauvres gens
et ce gratis. ainsi que le pouvoir que vous me
demandé pour la personne qui vous a requis
en confession
                    Je Suis [mot barré] une parfaite
                Estime
                      Monsieur
                
                               votre obéissant
                                  Serviteur
                                X Noiseux pte».

Commentaires :
-       ce document a été inséré par mégarde dans le registre de l’année 1804 au lieu de celui de l’année 1800 ;  en effet, le mariage entre Joseph Bernard et Marie Josephte Rivard dite Lavigne dont il est question a été célébré dans cette même paroisse le 24 février 1800 ; la date et le contenu du document, les noms des futurs époux et notamment la demande d’une dispense de publication de ban ne laissent aucun doute à ce sujet ;
-       cette demande s’inscrit dans le contexte de la gestion méticuleuse des sacrements dans l’église catholique et particulièrement l’obtention de certaines dispenses nécessaires ;
-       la mention de la condition d’«extrême pauvreté» des futurs époux est parfois évoquée dans d’autres demandes semblables dans des registres catholiques ;
-       par ailleurs pour le sacrement de pénitence, la mention d’une demande d’absolution pour un «cas réservé» est beaucoup plus rare ; dans l’église catholique, l’absolution pour certains de ces cas est réservée au pape et les autres, à l’évêque [voir ce lien] ; l’absence de précision sur la nature de ce cas s’explique justifie par le fait que l’information pertinente a été obtenue par le curé à l’occasion d’une confession d’un des époux ; noter que l’acte de mariage ne fait pas mention de l’obtention de cette absolution ;
-       un bel exemple qui illustre que l’église catholique est une institution hiérarchique, qui a ses règles propres et les fait respecter tout en générant de nombreux «papiers» ; en prime : beaucoup de révérence et une grande civilité entre les membres du clergé lors de leurs échanges ;
-       les intervenants ecclésiastiques dans ce document sont François-Xavier Noiseux [1748-1834], vicaire général du diocèse de Trois-Rivières et Claude-Gabriel Courtin [1765-1832], curé de la paroisse de Gentilly ;
-       ce document n’est présent que dans la seule copie religieuse du registre.

Nos remerciements à Diane Bilodeau pour avoir porté ce document à notre attention.


[Summary :
Some comments pertaining to a document in the church records of Gentilly, Québec.]

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