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mercredi 29 septembre 2010

Un dossier remis sur les rails mais toujours en gare

À la suite de la tenue le 30 mai 2010 à Drummondville de l'assemblée générale de la Fédération québécoise des sociétés de généalogie (FQSG), de l'information a été mise en ligne sur le site de cette Fédération et qui fait état des récents développements dans le dossier de l'attestation de compétence en généalogie.

Depuis la mise sur pied du Bureau québécois d'attestation de compétence en généalogie (BGACG) en avril 1991, ce dossier a connu quelques rebondissements sans apporter de véritable satisfaction au plan du traitement [voir nos billets publiés le 25 juillet 2007 et le 8 décembre 2008]. Voyons ce qu'il en est de la dernière mouture.

Commentaires :

Des aspects réussis

- la présentation du dossier est claire et le texte s'attaque à la problématique

- l'angle retenu est basé sur l'approche par compétences avec des précisions apportées sur la notion de compétence, et des exemples pour les trois catégories d'attestés

- un allègement de l'administration du processus

- les relations entre la FQSG et les sociétés de généalogie ont été précisées et balisées à l'aune du gros bon sens et du réalisme, et le rôle des sociétés a été précisé ce faisant. Sur ce point, on peut par ailleurs s'interroger si cela se vérifiera dans les sociétés comptant quelques dizaines de membres, soit la grande majorité des sociétés membres de la Fédération

- deux autres éléments souligner : le largage du bénévolat comme élément de compétence, et celui du système de points, deux aspects saugrenus et fort discutables de la version précédente.

Des aspects moins bien réussis

- le texte fait état de filiation alors que la généalogie s'intéresse aux relations de parenté, un champ d'investigation plus large

- l'examen (point 5.1) qui sera fait par le BQACG constitue toujours un mystère; on ignore tout de son contenu, de ses modalités et, surtout, de sa portée; pourtant, la clé du caractère sérieux de la démarche réside là

- ne ressort pas clairement de l'information disponible le fait que la démarche généalogique est et doit être basée sur la preuve généalogique [les Américains parlent de la Genealogical Proof Standard ou GPS]; pour ce faire, des éléments essentiels doivent être présents dont, à titre d'exemples, la façon de citer les sources utilisées de même que le traitement d'informations conflictuelles

- la notion de compétence présentée dans le document reflète une vision traditionnelle, statique et «en silo» de la discipline; aucune vision d'ensemble ou intégratrice n'est présente comme en témoigne le faible nombre de compétences transversales et/ou de notions comme celle de réseau (familial, de proximité ou social); de même, elle ne fait pas référence également à des situations rencontrées fréquemment dans la recherche, et dont le traitement permet de discriminer entre les chercheurs : par exemple, nulle mention du croisement de certaines sources et/ou encore de leur exploitation en tandem. De même et de façon plus inquiétante, quid des situations qui requièrent de mener une enquête généalogique (traité de façon sibylline au point 4.2.8) et au cours de laquelle le traitement des éléments de preuve par le chercheur [particulièrement lorsqu'ils sont conflictuels] permet de jauger sa capacité de recherche ? D'autres situations analogues pourraient être évoquées [pensons aux homonymes, aux actes incomplets, manquants ou erronés...]; les difficultés réelles résident là et sont souvent de taille. En somme, les compétences listées sont un peu courtes, pointues et peu horizontales. D'un point de vue plus large, on peut dès lors s'interroger si la FGSG a la capacité réelle d'assumer pleinement et correctement tout ce qu'exige cette approche par compétences qui se doit d'être vue et comprise comme un tout

- un traitement étriqué de l'éthique : cet aspect avec son caractère de plus en plus actuel en raison des interpellations lourdes à la discipline ne peut se réduire au seul contenu du code de déontologie; sur ce point, une des sources mentionnées dans le document de support [qui n'est plus accessible en ligne...] au bas de la page 17 est une source illégale ! Pour le moins étonnant de la part de la FQSG

- des attestés à vie ou une tache indélébile...! L'attribution d'une attestation n'est liée à aucune limite dans le temps (point 5). Une position étonnante et qui se défend mal considérant l'évolution du secteur [par exemple et, récemment, l'analyse de l'ADN...]; il y a là un mauvais signal lancé aux chercheurs par la FQSG à l'effet qu'elle ne croît nullement à la formation continue

- la remise à un candidat par le président du jury (point 5.2.6) d'une seule synthèse des évaluations et commentaires des juges est insuffisante; le respect du travail effectué et présenté par un candidat mérite pour le moins que ce dernier reçoive l'intégralité des commentaires et des évaluations qualitatives ou quantitatives effectuées, le tout accompagné de commentaires personnalisés

- les éléments relatifs à la publication de travaux ne portent que sur l'imprimé, une situation qui ignore la possibilité pourtant réelle de publier en ligne

- la faiblesse de ce dossier au fil des ans tient en partie à la faible prise en charge de son contenu par les attestés eux-mêmes. Pour l'avenir, c'est à l'intérieur du bassin des attestés actuels que le flambeau devra être repris. L'expérience passée à ce chapitre laisse craindre une stagnation dans le traitement de ce dossier. Pourtant, le défi qui est lancé aux attestés est réel et de taille : justifier leur titre d'attestés et baliser correctement ceux qui seront attribués à l'avenir

- un aspect mineur mais agaçant : l'obligation pour un candidat de produire dans son portfolio un tableau en éventail de ses ancêtres sur 10 générations [et non une roue de paon comme appelé au point 4.1.3] fait en sorte d'exclure les candidatures de personnes adoptées ou nées de parents inconnus; une discrimination qui aurait pu être facilement évitée notamment pour ces personnes pour qui la recherche de leurs origines prend une signification toute particulière et personnelle.


Au net, un dossier qui a évolué dans le bon sens et dont des éléments ont été clarifiés. Par ailleurs, des éléments importants de contenu manquent encore pour camper solidement le sérieux de la démarche. À suivre...


[Summary :
Some comments on the latest version of a document on skills accreditation by the BQACG in Québec.]

lundi 8 décembre 2008

Des points «Air Miles» avec votre formation?

Le Bureau québécois d'attestation de compétence en généalogie (BQACG; Bureau) a fait connaître les modalités de la nouvelle approche pour l’attestation des compétences sous le titre La compétence en généalogie et les généalogistes; ce document est daté du 10 novembre 2008.

Cette approche s’appuie sur le processus de formation continue du généalogiste. Ce nouveau processus met l'accent à la fois sur l'acquisition de connaissance et sur l'évaluation de celles-ci. Il exige la collaboration des sociétés de généalogie et des généalogistes tout en valorisant les publications, la communication ainsi que le développement du milieu généalogique.

Un dossier qui date d’avant la création du Bureau en 1990

- durant cette période, le Bureau a cherché et cherche encore à positionner correctement ce dossier; il y a là matière à s’interroger sur les raisons qui peuvent expliquer cette situation anormale
- avec du recul, les éléments suivants peuvent être mis de l’avant :
- une incapacité du Bureau de se limiter à son rôle premier et de se doter d’une expertise et d’instruments pour l’assumer pleinement
- un besoin tout à fait légitime et viscéral du Bureau de voir ses membres reconnus
- au plan de la formation, une tendance à s’attribuer des responsabilités qui ne sont pas les siennes, ce qui a constamment été à l’origine de relations malaisées avec les sociétés de généalogie.
Dans sa dernière facture mise en ligne, ce dossier reflète la plupart des points mentionnés plus haut :

- d’emblée, ce qui étonne le plus et en même temps en constitue la plus grande faiblesse réside dans la partie congrue dévolue à la vérification des compétences; comme il s’agit de la mission première du Bureau et de la raison pour laquelle ce dernier a été mis sur pied, les chercheurs auraient été en droit de s’attendre à ce que le tout porte principalement sur cet aspect
- pour le reste et comme il est mal aiguillé au départ, son économie générale est à l’avenant
- entre autres choses, le partage des responsabilités évoqué entre le Bureau et les sociétés au plan de la formation ne tient pas la route; sur ce plan, ce projet présente plusieurs similitudes avec celui que nous avions commenté dans un message daté du 26 juillet 2007
- avoir recours à une méthode d’allocation de points dans un processus constitue une opération risquée et sujette avec raison à discussion [on aura compris que le titre du présent message origine de là] : sur quoi fonder la pondération, le poids relatif des blocs ou d’un élément au regard d’un autre… ?
- avec une telle façon de procéder une attention particulière s’impose dans le but d’éviter le danger d’additionner des pommes et des oranges; à titre d’exemple : le fait d’être membre d’une société, de signer le code de déontologie, d’assister à un atelier de formation, de faire du bénévolat… ou d’être nommé généalogiste émérite vaut 1 point! Des explications s’imposent…
- un autre exemple encore plus étonnant : un formateur qui aurait conçu un atelier de formation sur la paléographie se verrait attribuer 10 points alors que tout chercheur qui y assisterait en aurait 15 !!?? Cherchez l’erreur
- il est prévu d’effectuer la vérification des compétences par un examen disponible sur Internet et dont la correction serait automatisée! Pour les aspects pédagogiques, une telle façon de faire nécessite des expertises particulières pour en fonder la crédibilité et la confidentialité. De plus, y voir là une façon de réduire les coûts relève de la pensée magique
- la prise en compte des activités de bénévolat dans un tel dossier semblerait constituer une première mondiale à ce chapitre; au fait, s’agit-il là d’une bonne idée dans ce contexte? Rien n’est moins sûr
- un des effets secondaires de la mise en place de cette approche serait de classer les généalogistes selon une gradation de compétences; une telle distinction dans la quête de la «sagesse généalogique» [sont-ce les sept paliers de la sagesse ?] n’existait pas formellement avant; une des classes regrouperait des «généalogistes en herbe»! Doit-on comprendre par là que d’aucuns pourraient décrire ces derniers comme broutant au milieu du vert pré de la généalogie? ou encore ruminant leurs connaissances acquises?
- jusqu’ici, les généalogistes émérites ont été nommés ou acceptés tel quel par le Bureau; avec cette réforme, ils pourraient être reconnus par le Bureau après évaluation. Tantôt, devra-t-on faire une distinction parmi ces généalogistes émérites entre les nommés, les agréés et les reconnus? Sur ce même point et comme le Bureau a jusqu’ici nommé 61 généalogistes émérites, soit davantage que les 59 généalogistes agréés, le nom de ce dernier devrait peut-être être modifié pour refléter cette situation
- la mise en place de la réforme nécessiterait la tenue et la mise à jour de nombreux dossiers par un registraire; cela se entraînera notamment pour les sociétés la création de listes particulières et spécifiques; sur cet aspect, le fardeau devra être assumé par les sociétés qui s’en seraient sûrement passé. De plus, une question éthique se pose ici
- …

Bref, force est de constater que ce dossier du Bureau demeure toujours mal positionné et de nombreuses ficelles restent à être attachées. Dommage…


[Summary :

Some comments on the latest version of a document on skills accreditation by the BQACG in Québec.]