jeudi 28 août 2014

À Bonaventure, les Caillouette sont devenus des Cayouette

Ce texte a d'abord paru dans la revue L'Ancêtre, 2001, volume 28, numéro 2, pages 134-137.

Résumé - Les descendants de Gilles Caillouet, résidant dans la région de Bonaventure, ont modifié leur patronyme de «Caillouette» à «Cayouette». Quand et de quelle façon  s'est effectué ce changement? Qui l'a initié et peut-on l'expliquer? 

Les descendants de Gilles Caillouet[1] sont connus en Amérique du Nord sous divers patronymes[2] : Caillouet, Caillouette, Cayouette, et même, Caliouette. De tout temps et encore aujourd'hui, ce patronyme a fait l'objet de nombreuses transformations par l'ancêtre lui-même, plusieurs de ses descendants, les officiers de l'état civil, les notaires...  On a dénombré à ce jour 379 variations! Ces modifications ont déjà fait l'objet d'une première analyse[3]. 

Bonaventure regroupe depuis plus de deux cents ans certains des descendants de l'ancêtre. Ces derniers sont surtout ceux d'un de ses fils, Joseph-Henri Caillouet (1765-1820), et d'autres qui sont liés à François-Xavier-Guillaume (dit Caillouette) (1859-1945); ce dernier a été adopté par des descendants de cette paroisse au milieu du siècle dernier. La consultation des microfilms des registres de la paroisse de Bonaventure[4] de la fondation à la fin de l'année 1940 témoignent de la transformation, de Caillouette à Cayouette, du patronyme des descendants de Gilles Caillouet. On ne modifie pas son patronyme sans raison, et, surtout, on ne le fait pas collectivement! D'où nos interrogations : quand et de quelle façon s'est effectué ce changement? Qui a eu assez d'influence pour l'initier, et, surtout, être en mesure d'en assurer une application effective telle qu'il présente un caractère presque universel chez les descendants de cette localité? Peut-on avancer des éléments pour l'expliquer? C'est là le but du présent article. 

Les registres de cette paroisse renferment les trois variations les plus fréquentes du patronyme. L'ancêtre Gilles Caillouet, qui y a vécu plus trente ans avant d'y être inhumé en 1803, y est surtout inscrit comme un Caillouet. Son fils Joseph-Henri Caillouet a quelques fois signé Calouet, alors que les registres en font mention comme d'un Caillouet. L'apparition à Bonaventure de la variante Caillouette date de 1830 environ; tout au long du dix-neuvième siècle, les descendants y sont, la plupart du temps, nommés Caillouette et signent de cette façon. Au recensement de 1861, tous les descendants sont inscrits sous le patronyme Cailliouette. Or, depuis quelques décennies, tous les descendants qui y résident écrivent leur patronyme «Cayouette». Il en est de même d'autres descendants résidant dans les localités avoisinantes, dont Saint-Siméon et Saint-Elzéar, de même qu'au nord du Nouveau-Brunswick (région de Balmoral, de Saint-Quentin et d'Eel Rivier Crossing au sud de Dalhousie). 

Un ouvrage photocopié[5] décrit l'évolution du patronyme à Bonaventure :
« Généalogie du nom « Cayouette » 

N.B. D'après les registres des paroisses où vécurent des familles Cayouette, nous pouvons constater que notre ancêtre « Gilles » natif de St-Louis deBrest en France, signait son nom Caillouet.
Vers 1750 et après l'arrivée au Canada des familles Caillouet, sur des conseils de linguistes et d'experts en orthographie, nos ancêtres ont ajouté au nom Caillouet, deux lettres pour en faire Caillouette.
Un siècle plus tard, nous constatons que les descendants de « Gilles » notre ancêtre, signaient Caouet.
Enfin, depuis le début du 20e siècle jusqu'à aujourd'hui, il a été écrit et nous écrivons encore Cayouette. ». 

Cet extrait se doit d'être commenté. Tout d'abord, il s'agit du seul texte connu qui contient une hypothèse pour expliquer la variation du patronyme à Bonaventure. Notons que les deux auteurs connaissent bien la graphie la plus fréquente utilisée par leur ancêtre. Leur explication de l'ajout du «te» est pour le moins surprenante. En effet, on peut douter que cette modification a été faite «...sur des conseils de linguistes et d'experts en orthographe...»! Il s'agit plutôt d'un cas typique et fréquent dans tout le Québec de dédoublement d'une consonne à la fin d'un nom[6] (comme dans l'exemple Ouellet, Ouellette). Par ailleurs, il est inexact d'affirmer que les descendants de Gilles Caillouet signaient vers 1850, à Bonaventure ou ailleurs au Québec, leur nom Caouet. Par contre, cette variation a été parfois utilisée par les curés pour désigner les descendants de Pierre Cahouet et de Marie-Anne Godreau, les ancêtres d'une famille totalement distincte. Enfin, ces deux auteurs donne le début du 20e siècle comme date de l'apparition de la graphie Cayouette. 

Ces dernières années, divers témoignages de descendants habitant Bonaventure, recueillis au cours de nos travaux généalogiques, ont piqué notre curiosité. Une constante se dégageait de ces témoignages : le changement de patronyme à Bonaventure avait fait l'objet d'une intervention d'un membre du clergé, certains ont même mentionné l'implication d'un monseigneur. La teneur de ces témoignages nous a incité à procéder à un examen minutieux des registres de Bonaventure, dans le but de documenter, si possible, cette situation. 

Il tombe sous le sens qu'une modification de patronyme ne se fait pas instantanément ou à une date précise. Aussi, son caractère graduel[7] ne surprendra nullement. L'examen des registres de Bonaventure permet de découper, d'une façon un peu arbitraire, trois phases distinctes pour son implantation. Une première phase va d'octobre1891 à la fin du mois d'avril 1919; elle est caractérisée par quelques occurrences épisodiques du patronyme Cayouette dans les registres sans que l'on puisse toutefois observer un caractère systématique[8]. Ainsi, trois vicaires différents ont employé ce patronyme dans des actes de baptême datés du 14 octobre 1891, du 10 juin et du 19 juillet 1914. Un autre vicaire fait de même dans deux actes de baptême et de sépulture du 29 juillet 1904. De temps en temps, des descendants signent Cayouette à titre de témoins au bas de certains actes; ainsi en est-il le 30 mars 1898, le 13 juillet 1908, le 1er et le 14 octobre 1917. Enfin, un acte du 28 novembre 1909 a été rédigé en utilisant le patronyme Cayouët. 

La deuxième phase va de mai 1919 au mois d'octobre 1923; elle renferme les premiers exemples de l'implantation un peu systématique, quoique malaisée, du patronyme Cayouette. Cette seconde phase débute de fait le 16 mai 1919, date du premier acte Cayouette rédigé par le curé Joseph-Elzéar Matte; elle se termine en octobre 1923 à la fin de la cure de ce dernier à Bonaventure. En effet, sur les 17 actes de cette période relatifs à des descendants, 11 font référence à des Caillouette et 6 à des Cayouette. Le curé Matte a rédigé 10 de ces actes en faisant un usage égal des deux variations du patronyme. On      constate alors que les signatures Cayouette par les descendants se font plus nombreuses au bas des actes; certains descendants modifient même leur signature. Plusieurs d'entre elles sont celles de chefs de ménage. La troisième et dernière phase débute en novembre 1923 et se poursuit jusqu'à la fin de l'année 1940. On y observe que l'implantation du patronyme Cayouette se fait alors de plus en plus systématique tant pour la rédaction des actes que pour les signatures des descendants qui sont témoins; elle présente également un caractère presque universel chez les descendants de Gilles Caillouet; situation qui se vérifie encore aujourd'hui. Durant cette période, la parution  de quelques ouvrages[9] d'intérêt généalogique, consacre, en quelque sorte, la modification du patronyme dans cette paroisse. 

Une exception doit être relevée. Il est remarquable qu'un des descendants, Lévi-Alexandre Caillouette, n'ait pas modifié la graphie de son patronyme et ce, en dépit des demandes et des pressions qui ont été faites ou exercées par d'autres descendants résidant à Bonaventure. Comme il travaillait en Ontario dans les années 1930, cela a probablement joué. Plus tard, il aurait confié à son fils Jacques que modifier son patronyme lui paraissait trop compliqué. Par ailleurs, l'épouse de Lévi-Alexandre Caillouette  raconte que la modification du patronyme à Bonaventure s'explique ainsi : une dame Cayouette se mourrait aux États-Unis tout en ne laissant aucun descendant; si les descendants de Bonaventure modifiaient leur patronyme de Caillouette en Cayouette, ils avaient de meilleures chances d'obtenir une partie de l'héritage qu'elle laissait! Cette explication tient sans nul doute de la légende. 

Le changement de graphie du patronyme a créé des situations particulières chez les descendants. En 1920, Bonaventure compte 92 descendants répartis dans 13 ménages différents. Certains descendants décrits comme Caillouette dans un acte ont signé Cayouette au bas du même acte; la situation inverse se rencontre également. Pour d'autres descendants, signer Cayouette ne va pas de soi (par exemple, Caiyouette le 9 novembre 1927). Enfin, certaines familles de descendants comptent alors des Caillouette et des Cayouette! 

Il va de soi qu'un tel changement dans un patronyme demande des conditions particulières, dont un milieu restreint, des personnes liées de très près et une personne ayant une autorité morale pour l'imposer, vraisemblablement un représentant du clergé. 

Bonaventure, comme communauté, répond bien à certaines de ces conditions et présente des caractéristiques particulières. Tout d'abord, il faut noter sa taille réduite. Quand la famille de Gilles Caillouet s'y installe au début de la décennie 1770, Bonaventure ne comptait qu'une centaine d'habitants. Au recensement du Canada de 1921, elle en compte 2 780. De plus, Bonaventure a toujours été une communauté souffrant d'un certain éloignement et, partant, d'un certain isolement. Pendant longtemps, le bateau a constitué le seul moyen de communication régulier et sûr pour s'y rendre et en sortir. En effet, les communications par voie terrestre ou par chemin de fer ne datent que du début du siècle. Encore maintenant, il faut compter au moins sept heures de route pour s'y rendre à partir de Québec. De plus, Bonaventure est une «...paroisse de composition ethnique homogène, presque essentiellement agricole...[10]» où les mariages entre quelques familles ont été fréquents. Un calcul rapide fait ressortir que plus de 77 % des actes des registres de Bonaventure entre 1900 et 1960 concernent seulement quatorze patronymes différents[11]. Pour leur part, les descendants de Gilles Caillouet ont toujours eu des liens étroits avec les familles pionnières de cette localité. Ainsi, parmi eux, on dénombre, entre autres choses, 45 unions avec des Arsenault; de même, on compte 34 mariages avec des Poirier, 16 avec des Bujold, 15 avec des Bourdages, 10 avec des Bernard, 10 avec des Cavanagh, 8 avec des Lepage, 7 avec des Arbour et, enfin, 7 autres avec des Babin. 

La date où le curé Joseph-Elzéar Matte, qui sera nommé plus tard monseigneur, a rédigé un premier acte sous le patronyme Cayouette, soit le 16 mai 1919, revêt une importance particulière. Comment expliquer que, comme curé de Bonaventure, il attend plus de 7 ans et 8 mois avant d'utiliser le patronyme Cayouette[12]? La réponse, de notre point de vue, est liée au décès, le 13 avril précédent, du curé Joseph-Réal-Alphonse Cayouette de St-Mathieu de Rimouski. La nouvelle du décès de ce dernier, fort connu, a certainement circulé dans les divers presbytères, dont celui de Bonaventure. Le curé Matte s'est alors vraisemblablement souvenu de ce collègue qui, tout comme lui, a fait ses études au Séminaire de Rimouski[13], avant d'être vicaire ou curé dans diverses paroisses du diocèse de  Rimouski. Ce denier fait partie de l'autre branche de la famille où, au Québec, la graphie Cayouette s'est largement imposée depuis le tout début du 19e siècle. Aussi, pour le curé Matte, Cayouette était le patronyme de référence et la façon «correcte» de l'écrire, surtout que cela concernait un de ses collègues prêtres. De plus, certains traits de la personnalité de ce curé ont joué dans le développement de la situation qui nous intéresse. Bona Arsenault dit de lui qu'il possédait «...une exceptionnelle force de caractère...» et que «D'un maintien noble, il était fait pour commander...»[14]. Ces traits, alliés au prestige et à l'autorité morale que lui conférait le poste de curé de la paroisse, ont dû avoir une influence certaine chez les descendants de Gilles Caillouet concernés. De même, sa responsabilité à titre d'officier de l'état civil de tenir les registres lui procurait un avantage stratégique indéniable pour implanter cette modification du patronyme et lui conférer un certain caractère de pérennité. Enfin, l'influence de ce curé fut vraisemblablement relayée par quelques-uns des descendants eux-mêmes, dont Ludger Cayouette. 

CONCLUSION 

À Bonaventure, le passage du patronyme Caillouette à Cayouette s'est fait assez rapidement, et ses répercussions se font encore sentir encore aujourd'hui. L'examen minutieux des registres paroissiaux a permis d'en suivre la modification et de la documenter, ce qui est pratiquement inexistant pour de telles situations. Des comparaisons avec d'autres patronymes n'ont pu être faites et des avenues de recherche éventuelles n'ont pu être évoquées. Nous formulons le souhait que d'autres généalogistes s'intéressent à ces aspects de leur patronyme. 

Nos remerciements à la direction de la revue L'Ancêtre de nous avoir permis de reproduire cet article sur ce blogue.


[1] Voir René Bureau et Raymond Cayouette. GILLES CAILLOUET. ARMURIER. Un pionnier de Bonaventure. Gaspésie, vol. XXIV, no 4, décembre 1986, p. 43-45. Gilles Cayouette. Gilles Caillouet, armurier (1724-1803).L'ancêtre des Caillouet Caillouette et Cayouette d'Amérique. Sainte-Foy, 16 décembre 1994, 57 p.
[2] Qui fixe la norme en ce domaine? Pour notre part, la graphie Caillouet, façon la plus fréquente pour l'ancêtre de signer son patronyme, sert de patronyme de référence. Par ailleurs, nous ne traitons pas ici des surnoms dont la plupart des familles de cette paroisse sont affublés. Certains des descendants y sont désignés comme des «fuseaux».
[3] Gilles Cayouette. La graphie du patronyme des descendants de Gilles Caillouet (armurier; 1724-1803), ancêtre des «Caillouet», «Caillouette» et «Cayouette» d'Amérique. Sainte Foy. 12 décembre 1996, 69 p. La situation prévalant à Bonaventure est traitée aux pages 24 à 29.
[4] Officiellement, il s'agit de la paroisse de Saint-Bonaventure d'Hamilton. En ce qui a trait aux microfilms, il s'agit, aux Archives nationales du Québec, des bobines dont la cote est ZQ-06-402/01 à ZQ-06-402/3, M 0172/02, M 0177/10 et des bobines # 1217 et 1218 du Fonds Drouin.
[5] Ludger Cayouette et Émilien Cayouette. Généalogie de la famille Cayouette (Janvier) (8 générations). Bonaventure, [s.d.; 1967 ?], n. p.
[6] Voir René Jetté. Traité de généalogie. Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 1991, p. 103.
[7] Même si une personne décide de modifier la graphie de son nom, cette dernière n'est nullement modifiée pour autant dans les registres officiels. Un tel changement s'implante donc en pratique à la génération suivante.
[8] L'influence de Joseph-Narcisse (Norbert) Cayouette a peut-être pu jouer auprès de certains de ses proches pour modifier leur patronyme. Élève brillant diplômé de l'École Normale Laval de Québec en juin 1915, il y a suivi les traces de trois frères Cayouette Joseph-Réal-Alphonse, J. Léo et Alphonse Cayouette. Ses proches avaient mis en lui tous leurs espoirs.
[9] Bicentenaire de Bonaventure 1760-1960, (s.d.), [1960?], 399 p. Les trois volumes de Bona Arsenault relatifs aux registres de Bonaventure entre 1791 et 1991. L'ouvrage de Ludger Cayouette et d'Émilien Cayouette.
[10] Jean-Denis Gendron. Quelques traits phonétiques d'une paroisse gaspésienne. Revue de l'association canadienne de linguistique, VI, no 1, mars 1955, p. 7.
[11] Les registres de Bonaventure II. 1900-1960. Montmagny, Éditions Marquis, 1982.
[12] Dans ce cas-ci, il ne peut s'agir de l'application d'une quelconque directive qui aurait pu émaner de l'évêque en vue de standardiser la graphie des patronymes.
[13] Sans compter durant deux ans J. Léo, un jeune frère du curé Cayouette.
[14] Les registres de Bonaventure. Volume I. 1791-1900. Montmagny, Éditions Marquis, 1981, p. 39.

mercredi 27 août 2014

Une association de mots étonnante

Les registres de la paroisse de Notre-Dame du Mont Carmel pour le 17 février 1861 font état de l'acte de sépulture suivant :

«S.- + 2  Aurélie Sans-Terre 

Le dix-sept février mil huit cent soixante et un, nous, prêtre soussigné, avons inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps d'Aurélie, enfant légitime d'Edouard Sans-Terre, cultivateur, de cette paroisse, & d'Henriette Beaupré, décédée l'avant-veille, à l'âge de sept jours. Etaient présents à l'enterrement Parfait Beaulieu et Louis Chamberland, qui n'ont pu signer.
P. Boucher ptre». 

Un nommé Santerre qui est cultivateur a de quoi faire sourire; noter le prénom du premier des témoins.
 

[Summary :
The church record for the burying of a girl in Notre-Dame du Mont Carmel, Québec.]

mardi 26 août 2014

Un corps à demi pourri

Les registres de la paroisse Saint-Joseph de Deschambault pour le 4 mai 1729 font état de l'acte de sépulture suivant : 

«Enterrement d'un corps noyé inconnu 

Le quatriesme jour du moïs de may de l'année mil sept cent vingt neuf a été par moy prêtre soussigné a été inhumé dans le cemetiere de Saint antoine Seigneurie de lachevrotiere un corps mort trouvé noyé sur les greves de deschambault sans avoir pû connoitre s’il etoit françois ou sauvage, a demi pourri et ont assisté à son enterrement jean francois No et Michel No appelles pour témoins lesquels ont déclaré ne sçavoir ecrire ni signer dece enquis suivant lordonnance. en foi de quoi j'ai signé au dit lieu les jour et an que dessus
menage ptre». 

L'identification du corps de ce noyé et pour le moins sommaire et fort incomplète. Noter la graphie particulière du patronyme des témoins.
 

[Summary :
The church record for the burying of an unknown  drowned man in Deschambault, Québec.]

lundi 25 août 2014

Deux sépultures et non une

Les registres de la paroisse de la Nativité de La Prairie pour le 19 décembre 1755 font état de l'acte de sépulture suivant : 

«S. 59   Françoise Aupry 

L'an mil sept cent cinquante cinq le dix neuf décembre je soussigné prêtre ai inhumé dans le cimetiere de cette paroisse le corps de François aupry femme de Nicolas Cordeau décédée la surveille en la communion de nôtre mere Ste Eglise âgée d'environ dix huit ans, et en même temps a été inhumé leur enfant qui avoit été ondoyé en naissant et mort presque aussitôt. Ces enterrements ont été faits en présence d'Etienne Bartitault et de Pierre Batriau qui ont déclaré ne sçavoir signer
Jacques Deslignery ptre». 

Un bel exemple d'acte qui concerne plus d'une personne; certains de ces actes sont mal identifiés dans les registres et dans les index ou répertoires. Noter l'âge de la mère.
 

[Summary :
The church record for the burying of a woman in La Prairie, Québec.]

dimanche 24 août 2014

Les plus essentielles cérémonies du baptême

Les registres de la paroisse Saint-Charles-sur-Richelieu pour le 13 avril 1762 font état de l'acte de sépulture suivant : 

«Sepult.   l'enfant de francois Beauregard

L'an mil sept cent soixante deux le treizième jour d'avril par nous prêtre soussigné, a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de pierre antoine né hier au matin du légitime mariage de françois Beau-Regard et de Marie Saint-Mars. Lequel n’a eu le temps que de recevoir les plus essentielles ceremonies du bateme avant de mourir en foy de quoy
La Taille prêtre». 

Une curieuse façon de décrire un ondoiement. Noter la graphie particulière du père de l'enfant. 


[Summary :
The church record for the burying of a boy in Saint-Charles-sur-Richelieu, Québec.]

samedi 23 août 2014

Le cadavre n'est pas entré dans l'église

Les registres de la paroisse Saint-Alphonse de Liguori d'Hawkesbury en Ontario pour le 28 mars 1889 font état de l'acte de sépulture suivant : 

«S. 12   Joseph Magloire Gauthier 

Le vingt huit mars mil huit cent quatre vingt neuf, a été inhumé dans le cimetière de l'Orignal le corps de Joseph Magloire Gauthier enfant de Joseph Gautier et de Louise Fillion, décédé la veille en cette paroisse à l'âge de deux ans et trois mois. Par crainte de l’épidémie de la diphtérie, le bureau de santé avait prié le curé de ne pas laisser entrer le cadavre dans l’Eglise. Etaient présents à l'inhumation Evariste Leduc, fossoyeur, William Moody & François Dallaire, qui n'ont signé.
H.E. Couture, ptre». 

Un bel exemple d'interaction entre le pouvoir administratif et le pouvoir religieux. 

 

[Summary :
The church record for the burying of a boy in Hawkesbury, Ontario.]

vendredi 22 août 2014

Pour bien s'en rappeler

Les registres de la paroisse Sainte-Trinité de Contrecoeur pour le 10 avril 1909 font état de l'information suivante : 

«Note : Ce baptême a été fait au milieu de solennités de Pâques le samedi Saint, après la bénédiction des fonts baptismaux». 

Un bel exemple d'annotation marginale dont le contenu ne fait pas référence à celui d'un autre acte de l'état civil mais à la vie quotidienne de l'église catholique. Le texte de cette annotation marginale est inscrit au regard de l'acte de baptême de Jean Pascal Duquette daté du 10 avril 1909.
 

[Summary :
A marginal annotation in the church records of Contrecoeur, Québec.]

jeudi 21 août 2014

Baptisé sous un autre nom

Les registres de la paroisse Sainte-Trinité de Contrecoeur pour le 8 mars 1909 font état de l'annotation suivante : 

«N.B. Le dit Edouard St Laurent a été baptisé le 7 novembre 1824 sous le nom de Edouard Charbonnier  J Ducharme pt». 

Cette annotation marginale est placée au regard de l'acte de sépulture d'Édouard St-Laurent; son contenu est d'un grand intérêt pour un chercheur.
 

[Summary :
The church record for a marginal annotation pertaining to the burying of a man in Contrecoeur, Québec.]

mercredi 20 août 2014

Noyé à six heures du matin

Les registres de la paroisse Notre-Dame de Foy de Sainte-Foy pour le 1er septembre 1713 font état de l'acte de sépulture suivant : 

«S.3.   Joseph Fontaine 

Le premier jour de septembre de l'année mil sept cent treize a ete inhumé par moy soussigné curé de cette paroisse dans notre cimetiere le corps de joseph fontaine, dont les parents etoient inconnues qui setoit noyé le mesme jour a six heures du matin en foy de quoi j'ai signé
Gervais Lebebvre prêtre curé». 

Noter l'information sommaire permettant d'identifier ce défunt et la mention de l'heure du décès, une précision peu fréquente dans les actes de sépulture.
 

[Summary :
The church record for the burying of a man in Sainte-Foy, Québec.]

mardi 19 août 2014

En raison de la brièveté de la maladie

Les registres de la paroisse Notre-Dame de l'Ancienne-Lorette pour le 16 juillet 1722 font état de l'acte de sépulture suivant : 

«Sepult. de Marie Genevieve Saintonge. 

Le seiziesme juillet 1722 par nous soussigné prestre missionnaire de Lorette a esté inhumé au cimetierre de cette paroisse Marie Genevieve Saintonge femme de Charles Drolet decedée le quinziesme de ce mesme mois après avoir reçu le sacrement de penitence seulement à cause de la brièveté de la maladie qui n’a pas donné le temps de luy administrer les autres sacrements en foy de quoi nous avons signé ainsy
j. fornel ptre». 

Noter les précisions mentionnées qui intéressent surtout la bonne gestion des sacrements par le prêtre. 


[Summary :
The church record for the burying of a woman in l'Ancienne-Lorette, Québec.]

lundi 18 août 2014

Une copie certifiée pour le palais de justice

La copie civile des registres de la paroisse de Sainte-Apolline pour l'année 1904 font état de l'information suivante : 

«Ce registre est une copie certifiée destiné à remplacer le registre original manquant au greffe de la Cour Supérieure, à Montmagny. Je certifie sous ma signature que tous les actes qui y sont inscrits sont conformes au registre original de dix-neuf-cent-quatre (1904) gardé dans les archives de la Fabrique de la paroisse de Sainte-Apolline, comté de Montmagny.
      Donné à Saine-Apolline ce douxième jour de janvier mil-meuf-cent-vingt-huit, pour valoir ce que de droit.
J. Falardeau, ptre curé.». 

Une belle illustration de l'intérêt de pouvoir disposer d'une copie du registre de l'état civil. Noter le fait que cette copie a été confectionnée 24 ans plus tard.
 

[Summary :
A note pertaining to the keeping of the church records in Sainte-Apolline, Québec.]

dimanche 17 août 2014

Préalablement ondoyé à domicile

Les registres de la paroisse Notre-Dame de Québec pour le 31 janvier 1886 font état de l'acte de baptême suivant : 

«B. 8   Joseph, Louis Eugène Dallaire 

Le trente-un janvier, mil huit cent quatre vingt six, nous soussigné, vicaire de cette paroisse, avons suppléé les cérémonies du baptême à Joseph, Louis, Eugène, né ce jour, du légitime mariage de Sieur Joseph Dallaire, commis et de Dame Marie Letitia Gangon de cette paroisse. Le susdit enfant a été préalablement ondoyé à domicile par le Docteur Arsène Falardeau, comme il appert par un certificat daté de ce jour. Le parrain a été Sieur Charles Louis Angers, commis, oncle de l'enfant et la marraine Dame Philomène Gagnon son épouse, lesquels, ainsi que le père, ont signé avec nous. Lecture faite.
Marie Philomène Gagnon Angers       Charles Louis Joseph Angers        Joseph Dallaire       J.B. Dupuis ptre». 

Un bel exemple illustrant que l'église catholique est souvent une église de «papiers». Noter les signatures des parrain et marraine qui diffèrent de leur mention dans le texte de l'acte.
 

[Summary :
The church record for the baptism of a boy in Québec, Québec.]

samedi 16 août 2014

Inhumée provisoirement près de la maison de son père

Les registres de la paroisse Saint-Alphonse de Ligori de Hawkesbury en Ontario pour le 23 mars 1889 font état de l'acte de sépulture suivant :

«S. 10   Elizabeth Legros 

Le vingt trois mars mil huit cent quatre vingt neuf, après un service sur le corps, a été inhumé dans le cimetière de l'Original le corps de Elizabeth Legros, fille de Xavier Legros décédée le onze janvier précédent à l'âge de vingt ans et trois jours et inhumée provisoirement, auprès de la maison de son père, malgré les protestations du curé. Etaient presents Evariste Leduc fossoyeur, Xavier Legros, père de l'enfant, Joseph Gougeon & plusieurs autres parents & amis dont aucun n'a su signer.
A.E. Couture ptre». 

Les protestations du curé s'expliquent par le fait qu'un catholique, du fait de son baptême, est un enfant de Dieu; aussi à son décès, son corps doit être inhumé en terre consacrée, notamment dans un cimetière.
 

[Summary :
The church record for the burying of a girl in Hawkesbury, Ontario.]

vendredi 15 août 2014

Le certificat d'ondoiement d'un garçon à Contrecoeur

Dans la seule copie religieuse des registres de la paroisse Sainte-Trinité de Contrecoeur, on peut lire l'information suivante écrite sur une petite feuille de papier :

«Contrecoeur, 2 nov. 1908
Je soussigné, medecin pratiquant à Contrecoeur, certifie avoir ondoyé, ce jour, un enfant du sexe masculin, issu du légitime mariage de Paul Piché et de Emma Soucy.
Dr C.C. Tétreault». 

Ce certificat d'ondoiement est placé entre les feuillets du registre au regard de l'acte de baptême de Joseph Dollard Piché daté du 3 novembre 1908. Noter que le libellé du texte informe le prêtre de détails importants dont le fait que l'enfant a été ondoyé et le caractère légitime du mariage de ses parents.
 

[Summary :
The church record for the baptism of a boy in Contrecoeur, Québec.]

jeudi 14 août 2014

Georges alias Casimir

Les registres de la paroisse Sainte-Trinité de Contrecoeur pour le 14 octobre 1906 font état de l'acte de sépulture suivant : 

«S. 32.   Dupré Geo Cas. 

Le quatorze octobre, mil neuf cent six, nous, prêtre, curé soussigné, avons inhumé dans le cimetière de cette paroisse, le corps de Georges Dupré alias Casimir, rentier, décédé le douze de ce mois, sur la paroisse Saint-Jacques de Montréal, à l'âge d'environ quatre vingt trois ans, époux de défunte Emilie Duval, autrefois de cette paroisse, Etaient présents Clément Hubert, gendre du défunt, et Clément Hubert, son petit fils, qui ont signé avec nous. Lecture faite.
Clement Hubert       ? [illisible] Hubert       Clément Fisette       Jean Ducharme ptre curé». 

Il est peu fréquent de voir mentionné un surnom dans le texte d'un acte; par ailleurs, une telle façon de faire facilite la recherche pour retracer la mention de la personne concernée dans d'autres documents, notamment ceux à caractère administratif. Noter le soin de ce curé de bien identifier les deux témoins homonymes. 
 

[Summary :
The church record for the burying of an old man in Contrecoeur, Québec.]

mercredi 13 août 2014

Mort en sortant de la messe

Les registres de la paroisse Notre-Dame de Foy de Sainte-Foy pour le 12 janvier 1728 font état de l'acte de sépulture suivant : 

«Le dousieme de janvier de lannée 1728 a eté inhumé dans le cemetiere de notre dame de foy jean baudoin mort subitement en sortant de la messe de paroisse aagé denviron vingt quatre ou vingt cinq ans
       ?   curé de ste foy». 

Il n'y a pas lieu de s'étonner de la mention par le curé de l'activité du défunt au moment de sa mort.
 

[Summary :
The church record for the burying of a man in Sainte-Foy, Québec.]

mardi 12 août 2014

L'identification sommaire d'un noyé

Les registres de la paroisse Notre-Dame de Foy de Sainte-Foy pour le 1er septembre 1713 font état de l'acte de sépulture suivant : 

«S.3.   Joseph Fontaine 

Le premier jour de septembre de lannée mil sept cent treize a ete inhumé par moy soussigné cure decette paroisse dans notre cimetiere le corps de joseph fontaine, dont les parents etoient inconnues qui setoit noyé le mesme jour a six heures du matin, en foy de quoy jay signer
Gervais Lefebvre prêtre». 

Compte tenu de la date du décès, il est possible que les parents du noyé résident en France. Un bel exemple de la difficulté d'identifier correctement une personne lorsque l'information est sommaire et cette situation s'aggrave pour les actes plus récents.
 

[Summary :
The church record for the burying of a drowned man in Sainte-Foy, Québec.]

lundi 11 août 2014

Une des conséquences de la guerre

Les registres du Fort Chambly pour le 11 septembre 1759 font état de l'acte de sépulture suivant : 

«Sépult de Marie Louise Simard 

L'an mil sept cens cinquante neuf, quinzieme julliet, par moÿ, soussigné, prêtre aumonier, certifie avoir enterré, la fille de Charles Simard et de Catherine Arnoux, nommée Marie Louise Simarad, dans le cimetière du fort St Frédéric, ne l'ayant enregistré au fort St Frédéric, par rapport à l'évacuation, faite au Fort Chambly; ce 11 obre 1759.
Fr. Antoine Deperet.». 

Noter le souci du missionnaire pour une bonne tenue des registres et le fait que l'événement concerné a eu lieu aux États-Unis.
 

[Summary :
The burying of a young girl in Fort Chambly, Québec.]

dimanche 10 août 2014

Un ouvrage sur des enfants abandonnés à Québec

L'ouvrage suivant a paru récemment :

Claude Kaufholtz-Couture. Biographies des enfants abandonnés du tour de l'Hôtel-Dieu de Québec entre 1800 et 1845. (s.l.) 2014, 432 pages. (Rapport de recherche). 

Commentaires :
-cet ouvrage s'attaque à un chantier rare et difficile au plan de la recherche en généalogie; en effet, les enfants abandonnés constituent une problématique lourde en généalogie au plan de l'identification des personnes; cette problématique est rarement traitée en raison notamment de la difficulté de trouver des sources et de les exploiter
- l'essentiel de cet ouvrage tient en une série de fiches relatives à chacun des enfants abandonnés; sur un autre plan, cet ouvrage rappelle le rôle ingrat et souvent discret de certaines communautés religieuses qui se sont occupées des enfants abandonnés
- au total, 1388 enfants sont concernés dont 54 % sont décédés avant l'âge de trois ans, 8 % ont été remis à leurs parents et 38 % (ou 532) ont été placés en foyer nourricier
- l'information est clairement présentée, bien rédigée, les sources indiquées et, souvent, qualifiées
- le lecteur ne doit pas espérer trouver là l'origine de ces enfants mais plutôt de l''information sur la destinée  de ces «....petits proscrits de la société...» (p. 99)
- il faut souligner la présence d'un index où le prénoms (surtout) des enfants concernés sont imprimés en caractère gras. 

Au net, une contribution remarquable et de qualité à la problématique des enfants abandonnés et que toute société de généalogie devrait posséder dans sa bibliothèque. Un ouvrage dont le contenu est à méditer pour tout chercheur intéressé par les problématiques de l'identification des personnes et de la preuve en généalogie.
 

[Summary :
Some comments about a recent book published.]

samedi 9 août 2014

Ondoyé privément

Les registres de la paroisse Saint-Jean l'Évangéliste de Nouvelle pour le 1er juillet 1879 font état de l'acte de sépulture suivant : 

«S.   Joseph Lavoie 

Le premier juillet mil huit cent soixante et dix neuf nous, curé soussigné, avons inhumé le corps de Joseph Lavoie ondoyé privément et mort le vingt neuf juin fils légitime de Elie Lavoie & Leonard? Hovington. Etaient présents Romain et Joseph Michaud soussignés.
Jos. Michaud      Rom. Michaud       Pol. Moreau ptre». 

Il est étonnant qu'un acte fasse état du caractère privé d'un ondoiement; on peut formuler l'hypothèse que cette expression est inspirée de la formule anglaise «baptized privately».
 

[Summary :
The church record for the burying of a baby boy in Nouvelle, Québec.]