vendredi 12 mai 2023

À l’Îlot Landry, les bazous seront priorisés

 

Note :

Ce billet est rédigé dans le  contexte de la période de consultation menée par la Ville de Québec et intitulée : Îlot Landry - aménagement d'un parc sur un stationnement souterrain.

 

La ville de Québec souhaite aménager un espace vert sur un stationnement souterrain dans le secteur du plateau de Sainte-Foy.

Une assemblée publique de consultation a été tenue le mercredi 10 mai 2023 en soirée par la Ville de Québec. Un signe des temps, on pouvait y assister en salle ou en ligne.

 

Commentaires :


-       Ceux qui ont qui ont examiné quelque peu cette activité publique de consultation seraient d’avis que son titre aurait été plus réaliste s’il avait été inversé en Îlot Landry - aménagement d’un stationnement souterrain sous un parc ;


-       ce projet est pour le moins saugrenu dans le contexte urbain actuel : la construction d’un stationnement souterrain à proximité d’un pôle majeur du futur tramway !


-       ou, en d’autres mots, payer [très] cher pour que des travailleurs du coin puissent garer leur automobile en souterrain et ce à une distance plus grande que celle entre leur bureau et ce pôle majeur ! Cette situation aberrante découle de l’application de la Loi sur l’expropriation du fait que la Société québécoise des immobilisations (SQI) oblige la Ville de Québec à compenser la perte de 115 cases de stationnement en surface occasionnée par la construction du pôle majeur du tramway ; le tout dans le contexte actuel de télétravail et à un jet de pierre d’un moyen de transport collectif et structurant ! Bref, un projet qui détonne et qui défie la logique ;


-       sur un autre plan, le processus de consultation retenu présente un caractère un peu bidon sans compter que l’acteur le plus important de ce projet, la Société québécoise des infrastructures (SQI), brille par son absence. Comme cette dernière construira et aménagera le stationnement souterrain prévu et ce sans obligation de prendre en compte le contenu de plans d’aménagement, d’urbanisme ou de zonage, commenter ou suggérer des améliorations sur cet aspect du projet relève de l’impossible. Disons le franchement : la SQI fera en pratique ce qu’elle veut et on paiera ;


-        peu importe les propos tenus ou les commentaires formulés, les modifications proposées à la réglementation existante seront approuvées et mises en œuvre vers la fin du mois de juin 2023. L’expropriation de  deux maisons familiales aurait même déjà été effectuée ;


-       ce projet sera coûteux[1] même si l’on a pas jugé bon de fournir aucune estimation ou coût, et encore moins leur ventilation entre la Ville, la SQI et le projet du tramway. Sur ce plan, il y a lieu de noter l’importance des expropriations déjà réalisées, les travaux d’excavation requis et les aménagements spécifiques à un stationnement souterrain ;


-       au plan financier, les citoyens seront assurés d’y contribuer [et deux fois plutôt qu’une] par le biais des taxes municipales ou celle des impôts et des taxes pour la partie assumée par la SQI ;


-       la prestation des représentants de la Ville lors de la séance de consultation ne passera pas à l’histoire en raison des informations incomplètes ou absentes. Et, en dépit des efforts un brin jovialistes de l’animatrice, il était désolant de constater le manque de préparation qui se reflétait notamment dans l’aspect un peu brouillon de leur présentation. Un exemple parmi d’autres, il était navrant sinon pathétique de les voir estimer ou calculer sur place le nombre d’arbres qui seront affectés ;


-       un autre exemple plus inquiétant encore : les représentants de la Ville ont semblé tomber des nues lorsque des résidents du secteur ont fait part de leur crainte principale relative à l’augmentation de la circulation dans le secteur ;


-       de fait, cette mauvaise présentation qui n’était pas appuyée sur des travaux ou des études d’impact augure mal pour la planification d’ensemble du secteur du plateau où des enjeux autrement plus importants devront être traités, incluant le sort réservé aux terrains de l’ancien quartier militaire situé à proximité ;


-       en ce qui a trait à l’espace vert prévu, un flou gênant persiste mais pour une bonne raison : les responsables du service des parcs n’ont pas encore été mis au parfum par leurs collègues en charge des aspects urbanistiques ! On comprendra que, pour le citoyen, commenter cet aspect dans ce contexte relève de l’exploit ;


-       au fait, peut-on sérieusement parler d’un espace vert ? Ce qui est prévu n’est pas les Plaines d’Abraham ou de nombreux parcs existants ici et là dans la ville. Sans [trop] exagérer, il s’agira au mieux de quelques pieds (ou mères) carrés de verdure et un ou deux bancs. En prime, il sera situé à proximité de la circulation et du bruit de l’avenue Hochelaga et dans l’ombre de l’édifice administratif qui le jouxtera à l’ouest et ce, sans compter que, de l’avis d’une citoyenne, un effet d’ilot de chaleur dans ce coin est déjà présent ;


-       apprendre que l’édifice situé au 1141 Route de l’Église a une valeur patrimoniale supérieure en raison de son aspect qui évoque le mouvement «Brutalisme» en architecture a perturbé mon sommeil de citoyen. Et je n’arrive toujours pas à m’expliquer comment j’ai pu vivre des années près d’une telle merveille du monde sans m’en douter ;


-       enfin, une autre zone d’ombre persiste : rien n’a été dit sur la façon dont ce projet s’inscrit dans le concept du vivre-ensemble dont se targue de promouvoir la Ville de Québec. Selon cette dernière, ce concept contribuerait à une plus grande cohésion sociale puisqu’il permet au citoyen de reconnaître la pluralité sociale, culturelle et religieuse qui l’entoure. Le hasard bien fait les choses, le conseiller du quartier est également responsable de ce dossier pour la Ville. J’espère vivement qu’il saura m’expliquer en long et en large cette facette du dossier ; je comprendrai sûrement alors pour quelle raison la priorité a été accordée aux bazous dans ce dossier tel que suggéré par le titre de ce billet.

 

Au net : de mon avis, consulter la population sur un projet décidé à l’avance et inscrit dans un tel processus de consultation ne constitue pas une façon  adéquate de favoriser la participation citoyenne.



[1] L’évaluation foncière des deux maisons unifamiliales concernées totalise 708 000 $ ; à l’évidence, il s’agit d’un projet dans les sept chiffres.

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