jeudi 15 mai 2008

Les relations entre l’autorité civile et l’autorité religieuse au Fort Frontenac

Les registres de la paroisse St-François de Port Royal du Fort Frontenac en Ontario pour le 28 novembre 1750 font état d’un document au contenu fort particulier :

«Reglement fait par monseigneur approuvé par mr Le général.
premièrement que le missionnaire nest point obligé daller chaque jour prendre Lheur de la messe ni dattendre sa réponse.
2. cette heure étant une fois marquée ce sera a mr le commendant de faire avertir Laumonier qu’il est necessaire pour le bien du service davancer ou de retarder et il convient alors que Laumonier suive ses ordres.
3. que Laumonier habillé passant devant Luy, n’est point obligé de lui faire une inclination.
4 il nest point du au commendant lencen et Leau bénite. Mr L’intendant n’a pas ses deux premieres marques d’honneur et ce nest qu’apres bien des difficultes qu’on les a accordées à mr Le général
5. que la cloche étant benite a Lusage de la chapelle qui en est en possession depuis pres de vingt temps ne sera employé adautres usages.

Pour Copie du Reglement fait par Mgr, De Pontbriand Evesque de Québec ce 26 Mars 1750.
Quod Testor hic die 28e novembris Ejusdam anni.
F. Nicol Albert Couturier
».

Commentaires :

- le Fort Frontenac est situé à Kingston en Ontario; sa localisation traduisait son importance stratégique considérable pour les communications dans tous les territoires autour des Grands Lacs;
- on peut s’imaginer l’atmosphère tendue et les problèmes entre l’aumônier et les autorités du fort pour que ce problème soit porté à l’attention de l’évêque de Québec;
- pour une bonne compréhension, il est impératif de replacer ce texte dans le contexte de d’époque. Les autorités militaires et l’église catholique constituaient des institutions fortement centralisées et où le prestige et les honneurs occupent une place très importante. Chacun a sa place dans ce système et elle doit être respectée par les autres; le fait que l’on retrouve des membres de grandes familles dans l’une et l’autre institution fait en sorte d’exacerber les frictions et les tensions;
- l’encens, l’eau bénite et la cloche servent dans les rituels de l’église catholique et ont des significations particulières; par exemple, l’encens rappelle que l’encens faisait partie des cadeaux apportés au Christ par les Rois mages. Aussi demander à les faire servir à d’autres fins met en cause la division entre l’église et l’état;
- il est vraisemblable de penser que l’approbation de ce texte par l’évêque de Québec a fait l’objet d’une intervention de la part de ce dernier auprès du Gouverneur de la Nouvelle-France;
- noter enfin que, même en dépit de son éloignement, ce fort fait partie du diocèse de Québec.

[Summary :

A peculiar document dealing with the relations between the military and religious authorities in Fort Frontenac in Ontario.]

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