jeudi 16 avril 2009

La troisième voie de la quête identitaire

Hier soir devant les membres de la Société de généalogie de Québec, Guy Parent a présenté un exposé sur «Saint-Narcisse-de-Champlain au XIXe siècle. Un portrait de sa population».

À la différence d’une conférence habituelle, l’exposé a consisté à présenter sous forme de diapositives sur différents aspects d’une recherche sur la communauté locale d’origine du conférencier. Une telle approche ne surprend guère pour qui connaît ce chercheur qui a déjà bien documenté les volets généalogie et histoire de famille sur les Parent [voir le message intitulé Des chantiers nécessaires mais difficiles publié le 21 février 2008].

L’approche retenue tient à la fois compte d’aspects habituels tels l’évolution de la population et celle de la structure des âges au fil du temps, l’origine des habitants, le taux d’alphabétisation ou les professions ou occupations. À cela se sont ajoutées d’autres dimensions moins souvent exploitées tels la fréquence des prénoms et celle des patronymes [les Cossette y sont très nombreux] et même divers faits marquants de la vie de la paroisse regroupés sous l’expression évocatrice et fort juste de «parcelles de vie».

L’addition de ces éléments permet de dresser une toile de fond qui permet une meilleure compréhension de cette communauté locale. Une telle approche «intimiste» compte tenu qu’elle s’attache au «destin» des personnes complète et enrichit les sources habituelles utilisées jusqu’ici dans de tels travaux, pensons ici aux recensements notamment.

Cet exposé a aussi permis d’illustrer que le recours aux informations des registres de l’état civil permet souvent de confronter l’information des recensements et de l’enrichir en la nuançant au plan des professions et des occupations en particulier. De façon indirecte, cela également nous rappelle que l’information des recensements n’est disponible que pour certaines années et qu’elle est «normalisée», d’où l’intérêt de l’exploiter en parallèle avec celle des registres qui est davantage «contemporaine» de l’événement sans compter qu’elle est tenue par le curé, une personne qui connaît son monde et qui traduit mieux leurs préoccupations.

Dans un contexte plus large, une telle approche soulève la question de savoir si les travaux en généalogie et en histoire de famille peuvent être aussi utiles que ceux des historiens pour la compréhension des communautés locales. Traditionnellement, les travaux de ces derniers ont rarement exploité les registres de l’état civil pour leurs travaux à l’exception de ceux qui se sont intéressés de près à l’histoire sociale, pensons ici à Gérard Bouchard, Hubert Charbonneau, Jacques Légaré et consorts. Par ailleurs et même pour les monographies locales de facture plus classique, l’exploitation des données sur les familles apportent des éléments importants, enrichissants [la notion de réseau familial] et souvent inédits sur l’histoire d’une communauté locale. Les travaux effectués par Renaud Santerre dans quelques communautés locales du Québec en constituent de bons exemples à cet égard [voir le message intitulé Une valeur ajoutée pour l’histoire locale publié le 20 mai 2007].

Pour le chercheur en généalogie et en histoire d famille, l’évocation de la possibilité de placer sa recherche dans une perspective plus large et davantage collée sur l’histoire d’une communauté locale ouvre des horizons nouveaux. Par ailleurs, le défi est considérable, requiert du temps et est davantage pertinent dans un milieu rural et peu populeux. Pour celui qui veut s’y investir comme Guy Parent pour Saint-Narcisse-de-Champlain, l’entreprise en vaut le coup.


[Summary :

Some reflections about the approach based on church records in local history.]

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