jeudi 30 avril 2009

Comment expliquer cet acte nul?

Les registres de la paroisse Sainte-Agnès du Lac Mégantic pour le 1er août 1884 font état de l’acte de sépulture suivant :

«S 13. Agnès Paquet

Le premier d’août, mil huit cent quatre vingt quatre, nous soussigné vicaire avons inhumé dans le cimetière du lieu le corps de Agnès décédé de la veille à l’âge de sept mois fille du légitime mariage de Alexandre Paquet ouvrier et de Agnès Marcotte de cette mission. Présents : Eugène Royer et Eugène Fortier qui n’ont su signer.
Denis Bellemare ptre vic
».

Plus loin dans ce même registre, on peut lire l’acte de sépulture suivant placé entre un acte daté du 1er novembre et un autre daté du 5 novembre :

«S 20. Agnès Paquet

Le premier août, mil huit cent quatre vingt quatre nous soussigné prêtre vicaire avons inhumé dans le cimetière du lieu le corps de Paquet décédé de la veille à l’âge de cinq mois mariage de Alexandre Paquet et de Agnès Marcotte de cette mission. Présents : Eugène Royer & Eugène Fortier qui n’ont su signer.
Denis Bellemare ptre vic
».

Une annotation marginale placée au regard de ce dernier acte se lit comme suit : «Cet acte est nul il est inscrit plus haut DB ptre».

Noter :

- les différences mineures dans la formulation du texte des deux actes si l’on excepte le fait que, dans le second, le prénom est absent et que l’enfant ne serait âgé que de cinq mois;
- comme ce même vicaire a dressé l’index des actes à la fin de l’année, il s’est vraisemblablement alors aperçu de son erreur et a voulu la corriger en rédigeant une annotation marginale;
- par ailleurs, comment expliquer la deuxième entrée du premier août et pour quelles raisons? Comme il s’agit des débuts de la paroisse et que les actes sont peu nombreux [de fait, seulement 19 actes dont quatre de sépulture séparent les deux entrées mentionnées ici], il est étonnant que ce vicaire avait oublié sa première entrée et, à l’évidence, il n’avait pas vérifié dans le registre avant de s’exécuter à
nouveau.
Plusieurs de nos interrogations demeurent sans réponse.


[Summary :

A double entry for the church record for the burying of a girl in Lac Mégantic, Québec]

1 commentaire:

Maurice A. LeBlanc a dit…

Bonjour Gilles,

Vos questions sont fort pertinents. Toute explication ne serait que de la spéculation, sauf si les prêtres auraient documenté certains événements, et que nous puissions trouver ces documents dans les archives paroissiales ou diocèsaines.

Dans le cas de Sainte-Agnès, en 1884 ce n'était qu'une mission. Il me semble que le père Bellemare partagait la desserte avec le père J. B. A. Cousineau, qui deviendra curé de Sainte-Agnès trois ans plus tard. Du 7 au 15 septembre, le père Cousineau semble avoir été remplacé par le père Joachim Malette, professeur au séminaire Sainte Thérèse, qui deviendra vicaire à Saint-Hypolite de Kilkenny en 1887.

Mais que s'est-il passé après le mariage M3 du 16 septembre 1884, mariage célébré par le père Lebel, curé d'Emberton ? Est-il possible qu'après le mariage, ce prêtre aurait apporté le régistre avec lui dans sa paroisse, pour le remettre aux pères Bellemare et Cousineau à une date ultérieur. Après ce mariage la séquence chronologique des actes est perturbée. C'est un peu comme si les pères avaient conservé les actes sur des feuilles mobiles, pour les inscrire au registre qu'à son retour. Je vous laisse le soin de juger par vous-même si les signatures des témoins, parrains et marraines dans ces derniers actes de l'année ont la même calligraphie que celle du prêtre qui a écrit l'acte.