dimanche 24 octobre 2010

Le tableau en éventail des ancêtres

Une des façons de faire état des recherches menées par un chercheur en généalogie est de compléter un tableau en éventail de ses ancêtres.

Un tel tableau présente des caractéristiques particulières :

- un aspect géométrique et binaire qui se déploie sur 180 degrés et qui fait état des seuls liens de parenté biologique entre certaines personnes; il présente l'avantage de permettre d'inscrire un grand nombre d'ancêtres sur une surface réduite; par ailleurs, la surface et la forme des cases varient d'une génération à l'autre
- un impact visuel certain au plan graphique en raison à la fois de son économie générale et de la disposition de l'information
- pour quelques ancêtres, une information sommaire et standardisée : pour chaque personne nommée, une case est prévue pour lui et son conjoint de même que pour le père et la mère, et pour un de ses enfants et le conjoint de ce dernier; la date et le lieu de chaque mariage sont indiqués
- les cases sont souvent numérotées selon la méthode SOSA, ce qui conforte la disposition géométrique de l'information et en facilite la lecture et la compréhension; sur ce plan, il est d'application universelle
- de fait, il s'agit d'une série de titres d'ascendance directe accolés les uns aux autres.

Commentaires :

- ce tableau est souvent mal nommé; certains lui font porter le nom du créateur du gabarit [par exemple, le tableau Gingras...], d'autres utilisent l'expression «roue de paon». Cette locution verbale se dit parfois de certains oiseaux qui déploient les plumes de leur queue de manière à en former une sorte d'éventail. L'utilisation du terme roue pour un graphique qui ne se déploie qu'à 180 degrés est abusif et inadéquat si on le compare à la roue d'ascendance, un graphique qui se déploie sur 360 degrés. Notons que les Américains parlent de «fan folded chart», une expression plus juste et plus adéquate
- l'accent est mis sur l'économie générale des informations au détriment de celle relative à un mariage en particulier; par ailleurs et curieusement, les personnes dont on n'a pu identifier les parents sont repérées rapidement étant à la base de cônes de taille variable en raison de l'absence de l'information
- un caractère réducteur qui tient à plusieurs éléments : le caractère sommaire de l'information et surtout le fait qu'il n'affiche que quelques liens de parenté comparés à ceux inclus dans une fiche de famille par exemple; plus grave, plusieurs de ces relations de parenté ne présentent guère de signification particulière pour une chercheur [être parent du 9 au 12 ne présente qu'un intérêt purement théorique]
- une image visuelle déformée des ancêtres d'une personne est créée parce que seules les informations relatives aux 12 premières générations de certains ancêtres sont affichées [c'est le cas avec le logiciel utilitaire AnaGED de Laurent Fontaine, largement utilisé au Québec à cet effet]. En effet, l'aspect visuel serait tout autre si l'on affichait l'information pour les 24 premières générations en raison de la multiplicité des cases vides
- l'exploitation de l'information affichée est malaisée : l'abondance de l'information et l'encombrement du tableau permettent difficilement même pour un oeil exercé de pouvoir y trouver l'information relative à un mariage donné, à une ascendance directe en particulier, une ascendance matrilinéaire...
- d'un intérêt fort limité pour la recherche comme l'information relative à un mariage en particulier peut être obtenue plus facilement et plus rapidement par la consultation de bases de données
- vérification faite auprès de chercheurs qui ont complété un tel tableau, son utilisation est peu fréquente une fois complété; certains apprécient tout de même son aspect décoratif
- l'information affichée est rarement originale, ayant été extraite de diverses bases de données; de plus, elle est souvent redondante d'un tableau à l'autre puisque des portions importantes sont identiques; dans ces cas, on peut s'interroger s'ils résultent d'une recherche originale ou d'une opération de type «couper-coller»
- l'écriture de l'information est particulière [dans le sens horizontal, vertical, en angle, et dans un sens ou dans l'autre...] compliquant la lecture et l'exploitation; cet aspect est la plupart du temps dicté par le logiciel utilisé
- un format encombrant, de grandes dimensions et qui doit être enroulé pour son transport; pour une lecture correcte de l'information, une hauteur minimale de 3 pieds et une largeur de 6 pieds sont requis; des dimensions plus petites restreignent grandement la lisibilité de l'information
- un tableau dont l'avenir est problématique : la prolifération des unions de fait met en péril pour plusieurs chercheurs la possibilité même de le compléter sinon de le débuter, ce en raison de la difficulté grandissante de pouvoir colliger l'information pertinente.

Au net, un instrument disponible aux chercheurs en généalogie qui, de tout temps, a créé une ambivalence chez ces derniers pour le compléter ou non. Étant le résultat d'un choix personnel dans le cadre d'une démarche de recherche, les autres chercheurs doivent respecter ce choix qu'ils le partagent ou non. Sur ce dernier aspect, d'aucuns peuvent s'interroger sur la pertinence pour le BQACG d'exiger d'en compléter un pour obtenir une attestation de leur compétence.

[Summary :
Some comments about the use of a fan folded chart in genealogy.]

Aucun commentaire: