Un examen mené d’un peu plus près fait ressortir des éléments importants :
- une fracture au plan temporel : l’héraldique est apparue au 12e siècle dans le contexte guerrier du Moyen Âge; la généalogie peut être menée plus une période beaucoup plus longue, comme dans le cas de Confucius par exemple, et ce sans compter les développements récents de la science qui, avec l’analyse de l’ADN, font reculer de façon importante la limite temporelle;
- une fracture au plan social : l’héraldique s’intéresse principalement à un patriarche, un chef de lignée et cette version élitiste d’une famille se reflète dans le fait que seul ce dernier a le «droit» de porter l’armoirie complète, ses descendants devant y prévoir une brisure; une telle situation est de nature à nourrir une discrimination inhérente et son adoption par la noblesse grande et petite et les bourgeois a limité sa diffusion dans la population; en généalogie, une étude bien menée ne fait pas de distinction sociale et inclue tous les membres masculins et féminins d’une famille peu importe son statut ou son besoin d’être reconnu au plan social;
- une fracture au plan géographique : originaire de l’Europe de l’Ouest, l’héraldique s’est également propagée dans les pays avoisinants, mais sans jamais avoir une couverture mondiale; heureusement, la généalogie n’a jamais eu cette limite intrinsèque;
- l’héraldique a un net penchant pour le graphisme et le flamboyant favorisé par l’usage intensif da la couleur; elle fait surtout appel à la vue et son symbolisme se limite à quelques traits d’une famille; une bonne histoire de famille va nettement plus loin, couvre davantage d’aspects et place le tout dans un contexte plus large;
- l’héraldique a été présente en Nouvelle France, mais a surtout touché quelques rares familles ;
- en théorie, l’héraldique est accessible à tous et, au Canada, aussi bien aux femmes qu’aux hommes; en pratique, les conditions exigées et les coûts associés à une démarche pour l’obtention d’armoiries font en sorte de réserver le tout à quelques personnes ou organisations. Sur ce plan, on peut mettre en doute la portée sociale de l’héraldique;
- au Canada, l’héraldique baigne dans un univers de tradition quelque peu suranné : la prérogative royale pour la concession d’armoiries déteint encore sur le vocabulaire, les façons de procéder et l’administration de ce programme tel qu’illustré sur le site de l’Autorité héraldique du Canada.
Ces réflexions ont été formulées à la suite d’un exposé, le 16 janvier 2008, de Claire Boudreau, Héraut d’armes du Canada, devant les membres de la Société de généalogie de Québec. À cette occasion, cette dernière a fait mention des armoiries de la famille Lebel dont un des représentants était présent dans la salle, mais pas celles de la Société de généalogie de Québec. Il est à espérer qu’il s’agit là d’un oubli involontaire.
[Summary :
Some thoughts on genealogy and heraldic in the Québec’s context.]
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